Comme de coutume, Aïn El Hammam a connu une ambiance particulière, à l’occasion de la fête de l’Achoura. Durant trois jours, de nombreux visiteurs ont afflué vers les différents mausolées de la région, devenus, l’espace de trois jours, une fourmilière en effervescence. Les incessants va-et-vient de voitures et de piétons sont entamés dès vendredi matin. Les pèlerins, individuellement ou par petits groupes, se croisent, se suivent, se saluent avant de reprendre la route. Les appels des uns ou les cris des enfants mêlés aux klaxons de voitures créent une atmosphère de fête le long de la route. A Jeddi Menguellet, la Koubba est prise d’assaut. C’est là, où chacun doit déposer l’offrande salvatrice, suivie d’une demande de pardon et de bénédiction ; certains arrivent avec des boucs, des moutons et parfois, pour les plus nantis, des bœufs. Le couscous garni à la viande est servi à volonté.
Deux salles, l’une pour les femmes et l’autre pour les hommes, sont réservées à cet effet. Bien qu’on continue à perpétuer la célébration de la fête de l’Achoura, certains changements (ou plutôt entorses à la tradition) commencent à faire leur apparition. A Jeddi Menguellet, les traditionnels “Idheballen” ont laissé place à la “sono” qui distille de la musique folklorique à longueur de journée. Ce qui n’empêche pas les adeptes de la danse d’effectuer quelques pas. Il semblerait que même un tour de piste, si symbolique soit-il, soit bien vu par le saint Jeddi Menguellet qui benit tous les présents, sans parcimonie. Ce que tout le monde espère, d’ailleurs, en venant ici, joindre l’utile distraction à l’agréable “baraka”. C’est en tout cas, ce qui motive les organisateurs et les volontaires qui assurent le service de l’ordre à l’instar de la plupart des visiteurs. Il faut cependant, se rendre à l’évidence que l’engouement pour les “ziaras” (visites) est loin d’être celui d’antan. L’ambiance des grands jours s’amenuise au fil du temps et le nombre de visiteurs diminue chaque année, un peu plus. Les embouteillages, sur plusieurs kilomètres, font désormais partie du passé. Les conditions de vie, l’exode rural et autres raisons propres à tout un chacun, font que les gens commencent à faire l’impasse sur certaines traditions.
A. O. T.
