Le projet de charte réactive la classe politique

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Le sujet abordé par Bouteflika semble intéresser tout un chacun. En effet, depuis que ce dernier a avancé l’idée de son projet, tout le monde attendait avec impatience le jour « J » pour en connaître le contenu. Désormais, l’heure des spéculations n’est plus de mise, des lors que le Président a présenté les grands axes de son projet qu’il compte soumettre à l’appréciation du peuple le 29 septembre prochain via un référendum. Des réactions n’ont pas tardé, notamment du côté de certains partis politiques. En ce qui concerne les partis de l’Alliance présidentielle, la question de savoir s’ils soutiennent ce que le premier responsable du pays a appelé « la charte pour la paix et la réconciliation » ne constitue qu’une évidence dans la mesure où dans les différentes sorties médiatiques des responsables des trois formations, à savoir le FLN, le RND et le MSP, ces derniers se sont prononcés en exprimant leur « O. K. » respectifs et indiscutables » à la réconciliation nationale et ce, avant même qu’ils en sachent le contenu. Mieux encore, certains de ces partis ont même commencé à faire une précampagne afin de sensibiliser les citoyens. C’est ce que nous a révélé Mouloud Chorfi, porte-parole du RND, contacté hier par nos soins. Ce dernier, tout en déclarant que « le RND suit à 100% la démarche de notre président. Nous avons déjà annoncé notre soutien total à la réconciliation nationale et nous avons même décidé à l’issue de notre conseil national que nous avons réuni juin dernier de lancer une précampagne et d’organiser des rencontres régionales afin de mobiliser l’opinion publique ». Le représentant du RND nous a indiqué également que le bureau national va se réunir incessamment dans la perspective de tracer un programme de sortie en campagne. Pour le FLN, le projet de réconciliation revêt une importance primordiale, pour reprendre les dires de Saïd Bouhadja, secrétaire chargé à la communication auprès de ladite formation. Bouhadja estime « nécessaire, voire impératif, que le peuple algérien dise « oui » lors du référendum ». La réconciliation nationale, telle qu’édictée par Bouteflika et publiée dans le Journal officiel, représente, aux yeux des militants du FLN, une démarche qui « consolidera, inéluctablement, la cohésion sociale ». Louise Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, qui a animé hier une conférence, en marge de l’université d’été qui se tient à Bordj El Kiffane, a souligné que la réconciliation ne peut être concrétisée sans que le peuple algérien ne renoue avec la paix. « Si cette mesure de réconciliation est susceptible d’apporter la paix, qu’elle soit donc la bienvenue. Telle a été notre position depuis toujours et jamais le PT n’appellera à voter contre la paix », a déclaré Hanoune à la presse. Selon M. Tazibt, un membre de la direction du Parti des travailleurs, une réunion va être organisée aujourd’hui afin de discuter les points que comporte la charte de réconciliation afin de statuer sur leur position. Le parti de Amara Benyounès, l’Union pour la démocratie et la République, « a pris également acte » du discours du président de la République et décide de convoquer son conseil national le 7 septembre prochain, une semaine plus tôt que prévu, pour sortir avec une position définitive. « C’est le conseil national qui définira en toute souveraineté la position du parti », nous a répondu Mohand Arezki Boumendil, chargé de la communication de l’UDR. Toutefois, ce dernier avance comme première réaction que « dès maintenant, on note déjà une satisfaction importante dès lors que le préalable politique posé par notre parti, à savoir que la défaite militaire du terrorisme ne doit pas se transformer en victoire politique de l’islamisme semble avoir été pris en charge » Le FFS estime, par contre, que la réconciliation nationale « ne peut se faire que dans un cadre défini à plusieurs et il doit passer nécessairement par les impératifs de vérité et de justice », peut-on lire dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction. En s’opposant à l’initiative du Président, le parti d’ Aït Ahmed pense que « le referendum vise à transformer la domination de la société par la terreur pratiquée par les décideurs durant des décennies en une domination élective sans aucun droit d’exercice du libre choix. Les mesures contenues dans le projet de Bouteflika représentent plus un consensus de sérail que les aspirations démocratiques des citoyens. Aucune mesure politique de nature à libérer le champ politique et l’initiative citoyenne n’est prise, bien au contraire, l’instrumentalisation de la violence et surtout de ses conséquences vise à la réduction voire l’extinction de tous les espaces de débats ». Le rédacteur du communiqué a, faut t-il le souligner, usé de tous les termes acerbes pour exprimer leur mécontentement et leur appréhension quant à ce projet. L’Association des victimes enlevées par les groupes islamistes dite « El Soumoud » et l’Association nationale des familles des disparus, pour ne citer que ces dernières, ont, par ailleurs, clairement affiché leur désaccord quant à ce projet de la réconciliation nationale et exigent dans la foulée, que « la vérité apparaisse et que la justice soit faite ». « Nous ne pouvons pas tourner la page sans la lire, nous ne pouvons oublier sans savoir ce qui s’est réellement arrivé à nos proches disparus », nous dira Mme Ighil, présidente de l’Association des familles des disparus. Ces dernières réclament la repentance des responsables de la disparition de leurs enfants.

Wassila Ould Hamouda

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