Rabat : soudain, le bus prit feu…

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Nous quittons Tétouan à destination de la capitale marocaine Rabat à 14h. Quatre cent kilomètres à parcourir. Un long chemin qui ne manquera pas de nous éprouver d’abord à cause de la chaleur. Le bus n’est pas climatisé et n’a aucune fenêtre par où l’air peut rentrer. Ensuite, parce que le bus est tellement vieux qu’il est « fatigué » de rouler. Si ça ne tenait qu’à celà ! Dans la gare de Tétouan, le bus est garé dans une zone obscure. Aucun rai de lumière n’est perceptible. En plus, les voyageurs sont contraints d’occuper leurs sièges des dizaines de minutes avant le départ malgré une chaleur intenable. Le temps est quand même passé. Et le bus démarre. Comme il fallait s’y attendre, un escargot aurait roulé plus vite. Cette lenteur aurait été profitable s’il y avait des paysages à admirer à travers les vitres. Hélas, il n’ y a rien à voir sur toute l’autoroute séparant Tétouan de Rabat. Même pas des arbres. Ce n’est pas le désert, non plus, mais presque.

Un voyage chaleureux, brûlant même Dans le bus, il n’ y a ni musique ni film. 99% des voyageurs dorment en dépit de la chaleur. Le receveur n’arrête pas de compter l’argent qu’il a ramassé en faisant payer les passagers. Au moment où la torpeur était à son summum, une fumée épaisse montait du moteur du bus, rendant l’air complètement irrespirable et la vue à peine possible. Les femmes se lèvent et crient: « El âfia, el âfia » (feu, en dialecte marocain). Les bébés pleurent et toussent. Tout le monde se lève et c’est la bousculade générale vers les deux portes, avant et arrière. Le chauffeur immobilise le véhicule mais n’ouvre pas encore la porte. Il hésite un moment puis actionne enfin le bouton. Les portières s’ouvrent et en un clin d’oeil le bus se vide. La soixantaine de passagers s’éloigne le plus possible du car craignant une éventuelle explosion. Le receveur court dans tous les sens, ne sachant pas quoi faire pour éteindre le feu. Le bus n’est pas doté d’extincteur. A l’aide d’une bouteille d’eau minérale, il essaye de venir à bout de l’incendie. Il est aidé par le chauffeur et quelques passagers. La catastrophe est évitée mais le bus ne redémarrera pas. Ayant l’habitude de faire de l’auto-stop, nous tentons notre chance pour la première fois depuis notre arrivée au Maroc le 2 août. Enfin, un camion s’arrête. « Où allez vous ? », nous dit le chauffeur. « A Rabat », nous répondons. « Incha allah », réplique-t-il. Nous montons dans l’enceinte du camion. Poursuite du chemin vers Rabat. Il faut dire que le camion était de loin plus confortable que le bus. De plus, il roulait plus vite. Un seul inconvénient: le chauffeur fumait et nous détestons l’odeur de la fumée de cigarette. Mais il était indécent de lui faire la remarque puisqu’il nous rendait service. Il nous parlait en arabe marocain. Comme nous n’avons rien compris, nous ne faisions que hocher la tête, espèrant que dans ce qu’il disait, il n’ y avait pas de questions. Cela aurait été le comble de l’impolitesse. Quand il nous restait 150 km, nous avons aperçu une plaque sur laquelle était écrit : Rabat-Kenitra. En lisant ce dernier mot, nous eûmes une pensée sincère pour le Président Mohamed Boudiaf. Il s’agit de la ville où avait vécu le Président pendant des années. Nous avons voulu parler de ce sujet avec le chauffeur mais son accent arabe très particulier et presque inintelligible nous a vite dissuadé. « Où est-ce que vous allez descendre au juste à Rabat ? », demande le chauffeur.- Au centre-ville.- Moi je ne vais pas arriver au centre-ville, je vais te déposer au niveau du pont.- Quel pont ? Je connais pas la région. Est-ce que c’est loin de la ville ?- Pas du tout. Tu peux même prendre un petit taxi.

Souk et senteurs de MédinaLe pont en question est celui qui relie Rabat à Sala El Jadida. Malgré l’été, il est submergé d’eau. Deux jeune filles en hidjab, qui nous montreront la rout, nous diront qu’il ne sèche jamais. Quand elles sauront que nous ne connaissons rien de Rabat elle nous donneront un conseil : ici, ne demandez jamais des renseignements, sauf aux policiers. Il y a des voleurs et des malintentionnés qui pourraient vous faire du mal, commenteront-elles. Ce conseil nous a été adressé dans toutes les villes visitées. La première station que nous visitons à Rabat c’est la vieille ville, La Médina. Comme à Fès et à Meknès, il s’agit d’immenses souks avec un interminable couloir, où se vendent toutes sortes de produits. Au moment de notre arrivée, à 20 h, La Médina est envahie par la population de Rabat. Nos accompagnatrices nous rassurent que durant le jour, tout ce beau monde disparait. Nous leur disons alors que nous avons constaté ce phénomène dans toutes les autres villes. Le lendemain, le réveil se fait dans une ville complètement, ou presque, déserte. Nous avons feint d’oublier qu’ici le week end, c’est le dimanche. Rabat, la capitale, est vide. Ce n’est qu’en fin de journée qu’elle se peuplera. Le boulevard principal Mohamed V est désert. C’est sur ce boulevard que se trouve la Chambre de Parlement marocain et la grande Poste. En face, un jardin très propre avec une herbe bien entretenue. La gare ferroviaire, très modernisée, se trouve aussi à quelques pas de là. Chaque demie heure, un train démarre vers Casablanca, la capitale économique du Maroc, de loin plus animée que Rabat. Cette dernière a l’air d’une ville mort. A la fin du Bd Mohamed V, se trouve le Palais royal. Ce dernier est surveillé. Mais le dispositif sécuritaire est hyper-discret. Nous n’apercevons qu’un 4/4 des services de sécurité barrant une route sur la gauche, menant sans doute vers le palais, avec une plaque indiquant un sens interdit.

Floralies atlantiquesPour les touristes et comparativement aux autres villes du Maroc, il n’ y a pas grand chose à visiter. Le guide tente pourtant d’attirer le visiteur: « Au coeur de la ville, se dresse la Tour Hassan, dernier vestige d’une mosquée inachevée. Derrière les colonnes de marbre, le Mausolée Mohammed V impose le respect et le recueillement. Construite en bordure de l’estuaire du Bou Regreg, Rabat offre nombre de promenades fleuries aux abords de l’Océan Atlantique. Les nombreux édifices qu’elle renferme sont autant de témoignages qui en disent long sur son authenticité et Rabat arbore fièrement ses atours dans le gotha des cités impériales. Dans le dédale de ses ruelles, à la Kasbah des Oudaïas, l’art islamique côtoie les grandes réalisations modernes. Il en résulte une mosaïque chatoyante qui égaie le regard des nombreux passants et satisfait leurs moindres exigences. En face, de l’autre côté de l’Oued, la superbe médina blanche de Salé (Sala AI Jadida) renferme des trésors d’artisanat. Les jardins de Rabat-Salé, plantés d’espèces du monde entier, laissent admirer un dédale de sentiers coupés de ponts suspendus et de passerelles dans un décor exotique ».

A. M.

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