Arqouv est une bourgade distante du chef-lieu de Maâtkas de cinq kilomètres. Les habitants de ce hameau qui ont vu de toutes les couleurs, des vertes et des pas mûres, demeurent encore en 2010 sans route praticable.
Ce quartier d’une dizaine d’habitations est situé au bas-côté des deux villages Aït Ahmed Ifrik et Aït Ifrik. Pour rejoindre la seule route carrossable, les habitants sont tenus depuis des lustres, d’emprunter un sentier sinueux, en pente raide et large d’à peine un mètre. Inutile de préciser que les plus vieux et les malades n’empruntent ce sentier de plus d’un kilomètre que sur une chaise ou à dos d’âne et cela nécessite la mobilisation des habitants pour rejoindre le chemin carrossable. Une jeune employée à la mairie de Souk El Khemis nous indiquera : “Alors que d’autres villageois réclament le gaz naturel, nous n’avons même pas une route. Pour rejoindre mon poste de travail, je suis obligée de me lever à cinq heures du matin et de faire un kilomètre à pied et avec l’insécurité actuelle, il y a de quoi avoir peur” et d’ajouter : “A chaque fin de mois, je suis obligée d’acheter une nouvelle paire de chaussures. Il nous faut une route, nous ne demandons pas la lune”. Un autre citoyen du même quartier nous révélera : “Nous sommes lésés et personne ne se soucie de notre cas. Essayez de porter une bonbonne de gaz sur vos épaules sur cette pente et sur cette distance et vous allez voir et sentir nos souffrances”.
En effet, acheminer une bonbonne de gaz, un sac de semoule ou évacuer un malade est une tâche ardue qui présente des risques considérables. Glisser ou trébucher sur cette piste peut être simplement fatal. Pour plus de précisions, nous avons jugé utile d’aborder ce sujet avec le premier magistrat de la commune, qui précisera : “En effet, les citoyens sont lésés, nous sommes conscients de leurs difficultés quotidiennes. Nous avons essayé à plusieurs reprises de leur tracer une route, mais nous faisons face à des oppositions émanant de certains citoyens qui refusent catégoriquement de laisser passer celle-ci dans leurs propriétés.
L’APC est prête à ouvrir immédiatement une route pour ce quartier mais il faut que les propriétaires terriens nous laissent passer dans leurs champs”. Dans tous les cas, les habitants de ce quartier continuent de vivre dans des conditions difficiles et comment, puisque la moindre des commodités ne leur est pas offerte : un passage carrossable est, semble-t-il, un droit le plus élémentaire. Les habitants, les opposants et les autorités feront mieux de se mettre à table et trouver une solution à cette situation qui contraint des dizaines d’Algériens d’endurer un calvaire au quotidien.
Hocine Taïb
