Quelles ressources humaines pour les PME/PMI ?

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C’est là une typologie d’entreprise dictée par la nécessité historique de l’évolution économique mondiale qui comporte beaucoup d’avantages en matière de gestion de la ressource humaine – le nombre de travailleurs étant situé dans une taille maîtrisable –, de fiscalité et de flexibilité du temps de travail. Sur le plan de la formation qualifiante et de la formation continue, les PME/PMI bénéficient de plus en plus de l’attention des pouvoirs publics et des gestionnaires.

Que ce soit en matière d’infrastructures pédagogiques et d’équipements des ateliers qu’en matière de création de nouveaux profils tels que réclamés par les différents secteurs économiques, la cause semble entendue pour un réveil salutaire d’un secteur qui, partout dans le monde, est considéré comme la base de la création et du développement du tissu d’entreprises.

Au cours de l’année 2008, la conférence régionale de la formation et de l’enseignement professionnels s’était penchée sur les nouveaux défis qui se posent à ce secteur dans le contexte de la nouvelle économie où les différents investissements- aussi bien dans les secteurs de l’industrie et de l’agriculture que dans le secteur des services – réclament une main-d’œuvre spécialisée, des agents d’exécution compétents et un encadrement de qualité. Le président de la République avait, au cours des auditions de ses ministres, attaché une importance particulière au domaine de la formation professionnelle et de la recherche scientifique. En effet, sur plusieurs plans, ces deux facettes d’une même exigence – qui a pour noms savoir-faire, économie du savoir et règne de la compétence – sont le soubassement obligé de toute relance économique et de développement durable. En outre, dans certains pays émergents ou même en développement où le tissu de PMI/PMI a bénéficié d’un maillage conséquent sur le territoire, la formation continue tout au long de la carrière professionnelle du travailleur est devenue une donnée naturelle par laquelle la mise à niveau professionnelle s’acquiert et se développe.

Nouvelles donnes

La formation professionnelle n’avait bénéficié ni d’un prolongement concret sur le terrain de l’activité économique ni d’un “symbolisme” social valorisant. Au contraire, au lieu qu’elle soit un choix dicté par les préférences d’un cycle court ou par des prédispositions et aptitudes particulières – comme cela se passe dans les autres pays du monde –, la formation professionnelle était vécue, jusqu’aux dernières années, plutôt comme un moindre mal par rapport à l’exclusion scolaire. C’était une sorte d’antichambre de la future condition de chômeur. Il faut dire aussi que cette médiocrité et cette faillite sont les conséquences d’un système rentier qui avait plutôt besoin d’un personnel docile que d’un personnel qualifié. Aujourd’hui, les données sont en train de changer radicalement. Face à une vague sans précédent de techniciens, personnels d’exécution, cadres et même ouvriers étrangers ramenés ou recrutés par les sociétés étrangères travaillant en Algérie (chantiers des bâtiments, de l’autoroute, des barrages, du tramway,…), les responsables de la formation sont plus que jamais interpellés pour révolutionner le secteur par de nouvelles méthodes de formation et une nouvelle pédagogie qui allient la nécessité de qualification aux besoins de l’économie nationale.

Les analystes nationaux et les institutions financières internationales ont acquis la conviction que l’Algérie bénéficie depuis bientôt une décennie de circonstances financières exceptionnellement favorables pour relancer son économie sur une base plus juste et plus rationnelle. Il s’agit de sortir de l’underground de l’informel et d’encadrer les nouvelles transformations économiques dans le sens de meilleurs investissements créateurs d’emplois, de pertinentes lois sociales libératrices d’initiatives et porteuses de dignité humaine et, enfin, de développement durable où l’homme et son milieu seront invités à vivre en parfaite symbiose.

Le budget de l’année 2009 consacré au secteur de la Formation professionnelle avoisine une enveloppe financière de 23 milliards de dinars (crédit annuel d’équipement) et un montant de 26 milliards de dinars au titre du budget de fonctionnement. Le nombre d’établissements de formation a plus que doublé entre 1999 et 2008. Il est passé de 492 à 1.035, en attendant la livraison de 116 autres unités en cours de réalisation. Le nombre d’élèves-stagiaires pour la rentrée de cette année est évalué à 650 000 (dont 200 000 nouveaux), nombre auquel s’ajoutent les 40 000 élèves qui suivent une formation dans les 537 établissement privés de formation professionnelle. Les capacités d’hébergement sont de

45 000 lits, alors que le nombre d’enseignants exerçant dans ce type d’établissement est aujourd’hui de 13 400.

Au-delà des chiffres, le président de la République a insisté sur la “nécessité de développer le secteur de la formation dans le but de couvrir les besoins actuels et futurs de l’Algérie en matière de main-d’œuvre qualifiée”. Afin d’adapter les offres de stage et les programmes de formation professionnelle, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale et le nouveau Commissariat au Plan ont été instruits par le président de la République pour “identifier de manière continue les besoins en main-d’œuvre qualifiée pour chacun des domaines d’activité”. Dans le même souci de renforcer l’insertion des jeunes diplômés de la formation professionnelle dans les secteurs de l’emploi, le président de la République a ordonné au gouvernement de “veiller à ce que les diplômés de la formation et de l’enseignement professionnels soient également parmi les candidats prioritaires au bénéfice des encouragements publics à la création d’emplois, que ce soit par la voie du micro-crédit ou des aides apportées à l’agriculture et à l’artisanat”.

Se mettre au diapason des besoins économiques

L’année dernière, le secteur de la formation professionnelle a bénéficié d’un relèvement à 80 du nombre de formations manuelles offertes. Le sujet de la formation continue des travailleurs, parent pauvre de la formation en Algérie, commence également à avoir droit de cité. C’est ainsi que l’on fait état de 192 000 travailleurs qui ont subi ce genre de formation spéciale et, d’après le programme tracé pour les prochaines années, cent mille autres travailleurs vont en bénéficier.

C’est une donnée fondamentale de toutes les économies modernes : l’on ne peut aborder le monde du travail, la gestion des ressources humaines, la rentabilité des entreprises et le développement durable sans prendre en compte le volet de la formation qui est considérée aujourd’hui de par le monde comme une condition sine qua non de tout progrès économique et social. L’impérative nécessité de l’insertion dans l’économie mondiale et la recherche de politiques alternatives à la rente pétrolière pour le cas de l’Algérie rendent le pari plus stratégique et la tâche plus ardue. C’est une économie en transition – de la rente vers la production, comme le souligna le ministre des Finances lorsqu’il a eu à commenter la loi de finances complémentaire 2009 – qui n’a pas le droit de continuer à former des licenciés, des ingénieurs et des médecins chômeurs. Le problème se pose en termes d’adéquation entre le système d’enseignement et le marché du travail. Cette dernière notion a, il est vrai, fait défaut par le passé du fait que l’ensemble des diplômés avaient leurs débouchés pris en charge par l’État, principal employeur du pays. Les ébauches de passerelles entre les différents domaines de la formation ont déjà été échafaudées au milieu de la décennie en cours par les responsables des secteurs de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle dans des ateliers communs. Les analystes les plus indulgents ont conclu à la faillite du système de la formation professionnelle dans notre pays. Les symptômes commencent à apparaître au grand jour : les ateliers et usines privés ayant vu le jour au cours des dernières années trouvent rarement le personnel technique et d’exécution sur le marché du travail.

C’est pour dépasser ce diagnostic peu flatteur et rendre du même coup ses lettres de noblesse à la formation professionnelle que les pouvoirs publics mettent le paquet aussi bien en termes de dotation financière qu’en termes d’innovation pédagogique de façon à élever ce secteur au diapason des besoins économiques nationaux.

La vision et la méthodologie de l’enseignement en général à travers le monde, y compris la formation professionnelle, ne s’embarrassent plus d’a priori idéologique ou d’inutiles chapelles qui ont fait les dégâts que l’on sait dans l’école algérienne. Le souci majeur étant aujourd’hui de former les techniciens et les cadres dont aura besoin l’économie nationale dans quelques années, économie soumise à rude épreuve par les impératifs de productivité, d’efficacité technique et d’innovation ainsi que par la mondialisation des échanges de plus en plus offensive. Pour réussir un tel pari, les réformes de l’enseignement ne pourront plus se limiter aux établissements gérés par le ministère de l’Éducation (écoles primaires, collèges d’enseignement moyen et lycées), mais devraient englober

– par une vision stratégique d’articulation et de juxtaposition des synergies – les différents secteurs qui concourent à cet objectif et l’ensemble des segments de la formation, qu’ils soient pilotés par l’Éducation nationale, l’Université, les Instituts relevant des autres départements ministériels ou par la Formation professionnelle.

L’évolution quantitative du secteur de la Formation professionnelle est une réalité vérifiable au niveau des centres de formation et des ateliers d’apprentissage. C’est une tendance logique imprimée à un secteur considéré comme étant au cœur des réformes économiques par la nature et les performances de la ressource humaine qu’il mobilise. En effet, l’effort de la collectivité a hissé la Formation professionnelle en un secteur stratégique de premier plan. Le ministre en charge de ce département, El Hadi Khaldi, révéla en 2009, le chiffre de la croissance des capacités d’accueil des différents centres du pays. Par rapport à 2007, l’offre en formation professionnelle a progressé de 19%, atteignant ainsi, pour l’ensemble du territoire national et toutes formules confondues, quelque 188 000 postes. Il demeure évident que l’offre, particulièrement dans un domaine aussi sensible et aussi délicat que la formation, ne saurait se réduire à la seule infrastructure, à la bourse ou au pensionnat. L’offre, c’est aussi et surtout le niveau de formation, son degré d’insertion dans le monde du travail et les moyens pédagogiques mobilisés pour ce grand dessein.

Amar Naït Messaoud

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