Evénements historiques, faits religieux, phénomènes mythologiques sont tout autant de prétextes saisis par les peuples, et depuis la nuit des temps, pour fragmenter le temps et établir un calendrier à même de régir leurs comportements A l’instar des autres peuples, les Imazighen, explique une thèse, aurait saisi un fait de l’histoire pour marquer l’entame de l’année, qualifiée par les berbères contemporains, les Kabyles notamment, de tiwwura n useggas (les portes de l’année). Le conditionnel est justifié par la polémique que justement ce fait de l’histoire, qui remonterait à 680 avant J-C, suscite. En effet, une thèse, qui n’a pas fait l’unanimité parmi les personnes averties, explique que Yennayer (coïncidant avec le 12 janvier du calendrier grégorien, selon les uns et le 13 janvier du même calendrier, selon les autres) coïncide avec “la présence en Egypte d’un roi berbère du nom de Shesshonk (Chachnaq Ie) qui serait parti, à la tête d’une puissante armée, depuis l’actuelle Tlemcen vers la vallée du Nil dans le Delta en Egypte pour sauver l’empire pharaonien alors menacé par un roi venu d’Ethiopie.” Une observation qui se voulait scientifique a focalisé sur le vocable “Yennayer’’ pour tenter de dérouler “le fil de la vraisemblance’’. Il est ainsi relevé que le vocable prend son essence du mot latin Ianiarius (calendrier julien). Idem pour Abril (yebrir) et dujember. Ces vocables qui ont traversé le temps se veulent une preuve de l’empreinte culturelle de l’empire romain en Afrique du Nord. Autrement dit, la datation du calendrier berbère à partir de l’avènement de Chachnaq Ie en Egypte ne tiendrait pas la route. Or, l’empire romain n’a pas été jusqu’au Mali et chez les Touaregs où l’on retrouve le vocable Yennayer. Une donne qui fragiliserait l’idée de l’empreinte de l’empire romain. Tout ce branle-bas de thèses suggère cette idée de mythe recherché. Le fait historique justifiant Yennayer pourrait, et c’est légitime, être motivé par “ce besoin de mythe’’. Seulement, Yennayer est une réalité. Toutes les thèses avancées n’excluent pas sa pertinence et non caractère amazigh entourant sa célébration. Une réalité qui, depuis des millénaires, a intégré le comportement sociale d’un peuple et attend toujours d’intégrer les…textes.
T. O.A.
