»La JSK doit compter sur les joueurs de la région »

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Rubrique animée par Hamid Oukaci

La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, présentez-vous à nos lecteurs ?

Ali Aït-Amar : Je suis né en 1945 à Tizi Ouzou, mais mes origines sont du côté de Michelet (Aïn el-Hammam), donc j’ai grandi dans la ville des Genêts et j’ai passé mon enfance au quartier Lala Saïda à la haute ville, où j’ai commencé à taper le ballon comme tout jeune de mon époque, d’ailleurs par manque de moyen, on jouait avec des ballons à base de chiffons.

Comment avez-vous intégré la JSK ?

Juste après l’indépendance, étant amoureux du ballon et surtout la volonté de prouver mes qualités dans un cadre organisé, j’ai commencé au seul club de notre ville qui était la JSK, donc j’ai intégré le club en équipe juniors et je me souviens que j’ai eu quatre entraîneurs dans cette catégorie, en l’occurrence, Iratni, Hamoutène, Allouche et Tahar Belhadj.

Vous souvenez-vous de votre premier match en seniors ?

Absolument ! c’était en 1964 soit a la phase retour de la saison 63-64, mon premier match était face à l’OMR, je me souviens qu’il y avait un joueur de ladite équipe qui a fait un grand match contre nous à la phase aller, alors l’entraîneur m’a demandé de le surveiller, car je le connaissais et surtout je connaissais bien son style de jeu, étant donné qu’on a été en sélection ensemble, donc j’ai joué mon premier match comme arrière-droit, puisqu’en équipe junior, je jouais souvent en libéro, mais avec la présence du grand Hamouchine dans ce poste, l’entraîneur a préférer m’enrôler dans ce poste et depuis je me suis reconverti en arrière-droit. Je veux vous signaler aussi que durant mes débuts avec les seniors, je ne subissais pas de pression puisqu’on a joué quatre matchs à huis clos après les incidents survenus lors d’un match, la ligue de football de l’époque a décidé que les quatre rencontres suivantes se jouerons sans public dans tout le territoire national.

Quelle était l’ambiance qui régnait à l’époque au sien du groupe ?

nous étions une vraie famille, on jouait pour les couleurs du club on voulait tellement faire accéder la JSK en division Une, c’est une chose que nous avons réussi, malgré qu’on a pris un peu de temps, je dirais que la cause était faite de méthodes qui n’ont rien avoir avec le football, enfin Dieu merci, on a réussi à mettre la JSK parmi l’élite du football national grâce à la volonté et aux sacrifices des hommes.

Donc la JSK était une équipe à battre, comment vivez-vous cette pression ?

On était un groupe solidaire et on s’est sacrifié pour les couleurs du club et surtout pour notre public qui était toujours derrière nous, on s’entendait très bien et on a un seul objectif, c’est de gagner, il y avait une grande entente entre nous, soit entre joueurs ou dirigeants et encore supporters ; d’ailleurs à notre époque, il n’y avait pas de distance entre nous et nos supporters, on se voit souvent, on se parle mutuellement, nous formions un bloc ce qui faisait notre force à l’époque, alors une fois sur le terrain, on ne pense à rien sauf à honorer les couleurs que nous défendons et rendre heureux notre cher public…

Quels sont les moments forts que vous avez vécu avec la JSK ?

En réalité chaque instant vécu avec mon club de toujours est un moment fort, je me souviens de l’ambiance qui régnait au stade d’Oukil-Ramdane durant chaque match, je me souviens aussi de la grande joie de nos supporters après chaque victoire et leurs compréhensions si on fait un faux-pas, mais les deux accessions consécutives resterons gravées à jamais dans ma mémoire, la première c’était celle de 1969, face à Boufarik qui était la bête noire de la JSK à l’époque, je me souviens qu’on subissait une terrible pression avant le dernier match qu’on devait gagné,ici, à Tizi Ouzou, donc l’ambiance était électrique et le public venait en grand nombre pour la rencontre, elle était très serrée et on aurait dû attendre les ultimes minutes du match pour voir ce but libérateur de Koufi après un retrait de Ben Fedda, après le match, on a passé des moments inoubliables, on a vraiment savouré cette accession avec notre cher public. Pour la deuxième accession qui reste aussi historique puisque depuis, la JSK n’a jamais quitté la première division était encore plus dure puisque on a remporté à Batna face au MSPB qui était aussi prétendant à l’accession, on les a battus par deux buts à zéro et pour moi, je pense que c’était l’un des meilleurs matches que j’ai joué durant ma carrière.

Si on compare la JSK de votre époque et celle de nos jours, qu’est-ce que vous diriez ?

A notre époque, on jouait pour le nif et les couleurs du club, malgré qu’on n’avait pas assez de moyens, on faisait le maximum pour défendre les couleurs du club, car la JSK n’est pas n’importe quel club et c’est grâce aux sacrifices des hommes qu’elle est ce qu’elle et aujourd’hui, les joueurs ont la chance d’avoir tous les moyens, je souhaite qu’ils reprennent le flambeau et se donnent à fond pour que la JSK restera toujours debout.

Durant votre carrière, quels sont les entraîneurs qui vous ont marqué le plus ?

J’ai joué sous la houlette de plusieurs entraîneurs et je dirais que chacun m’a apporté un plus dans ma carrière, mais je pense que Ben Tiffour a fait un grand travail avec la JSK malgré que son passage soit court, mais il a su comment marquer sa présence, ce qui m’attire surtout en lui c’est sa méthode de travail et aussi sa manière de parler avec nous pour nous encourager et nous remonter le moral.

Vous avez mis fin à votre carrière très jeune, quelles en sont les raisons ?

Effectivement, j’ai mis fin à ma carrière de joueur à l’âge de 26 ans et la cause principale était l’enfer qu’on a vécu à Bel Abbès où il y avait un envahissement du terrain, on a passé des moments très difficiles ce qui m’a vraiment influencé et depuis j’ai perdu le goût de jouer certes, j’ai terminé la saison, mais en fin de parcours, j’ai pris la décision de ne plus rejouer. C’était en 1971, d’ailleurs, j’ai mis trois années sans même me rendre au stade à cause du terrible choc que j’ai reçu à Bel Abbès.

Pourquoi n’avez-vous pas entamé une carrière d’entraîneur ?

Après avoir mis fin à ma carrière de joueur, je me suis éloigné totalement du monde du football, je m’occupe de mes affaires personnelles. J’ai débuté comme fonctionnaire, par la suite, je me suis reconverti au commerce. Sincèrement après ce que nous avons vécu j’ai totalement perdu le goût de jouer et de me retrouver dans ce milieu.

Un dernier mot pour conclure ?

Je vous remercie d’abord pour cette initiative qui nous a permis, nous les anciens, de relater notre vécu avec notre cher club, je profite de l’occasion pour présenter mes condoléances à la famille du défunt Kamel Aouis et enfin vive la JSK.

H. O.

Pour vos contactes : itranddk@yahoo.fr

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