Cet opus que vient de publier à compte d’auteur Said Meziane, un ex-praticien de la santé aujourd’hui à la retraite, ce qu’il a d’attrayant est qu’il emprunte les sentiers escarpés des idées novatrices. A mille lieues des clichés stéréotypes, si chers aux scribouillards de fortune qui ne jugent la valeur de leur œuvre qu’à l’aune du nombre de pages écrites. Ouzna Lemnaâ, dans la vie aussi, nous rencontrons des gens qui ressemblent à leur nom. Cela s’appelle le destin. Fille de paysans kabyles, Ouzna est chirurgien aux urgences dans un hôpital d’une ville de Province. “Les pavés de la cour reflétaient les lumières des ambulances, les sirènes retentissaient jusque dans mon cœur”.
Elles nous dit son travail, ses luttes, ses jours, ses nuits, en six moments, à la fois ordinaires et extrêmes : les six épisodes de ce roman, qui court, haletant et chaleureux entre la vie et la mort, le rire et les larmes, le bloc opératrice et les quatre coins de la ville.
Les héros, ses amis, médecins, infirmiers, ses patients, ses enfants, ses parents, sans parler des “ennemis” qui le guettent, tous forment autour de lui un chœur et un tourbillon.
Le décor est le monde d’aujourd’hui, celui d’une société en crise, avec ses luttes, ses menaces, ses espérances. Au centre, l’hôpital, un univers aussi impitoyable que celui d’un célèbre feuilleton : mais on se serre les coudes, on se bat ensemble, on sauve des vies. Meilleur second rôle, “Moun”, l’infirmière chaouie, “souriante, légère et fine comme une goélette”. Et puis, les enfants sublimes et vrais. Il y a ce chirurgien ventripotent qui “parle comme on chante qui marche comme on danse”. Ce roman de combat et de bonheur fou, est aussi un reportage documenté sur la chirurgie actuelle et les techniques opératoires en vogue. On en sort guéri de l’amertume et du découragement.
N. Maouche