La ville d’Amizour qui se situe à 25 km de la wilaya de Béjaïa, totalise aujourd’hui plus de 40 000 âmes réparties sur 75 villages et trois communes, accuse des retards considérables en matière de développement. Les habitants de cette localité qui recèle d’inestimables potentialités agricoles, se plaignent de plusieurs difficultés et parlent de nombreux manques dans tous les domaines. Il est à savoir que cette région engrange d’énormes richesses, il s’agit, entre autres, des sites de gisement, de zinc et de plomb. Depuis quelques jours un groupe d’experts nationaux, venus engager les études préliminaires en vue de son exploitation prévue pour la fin de l’année prochaine. En attendant l’exploitation de cette gigantesque mine, qui génèrera des milliers de postes d’emplois, tant attendus par les jeunes chômeurs de cette région, qui sont déjà blasés par le chômage, et rongés par la mal vie, ces derniers attendent avec impatience son exploitation. Par ailleurs, ceux ou celles qui visitent pour la première fois cette région, le constate aisément, c’est la morosité totale qui contre négativement cette ville, qui est dépourvue de toutes les commodités de vie. D’autre part, un autre talon d’Achille qui marque cette ville, c’est le manque flagrant de transports scolaires, ainsi que les chauffages dans certains établissements scolaires, notamment ceux du cycle primaire. “Les écoles ne sont pas toutes chauffées, et nos enfants sont durement frappés par ce problème’’ déplore un parent d’élève. Et d’ajouter qu’une telle situation ne semble pas déranger outre mesure les responsables locaux qui ne bougent pas le petit doit’’ peste-t-il. Par ailleurs, si les habitants ne protestent pas, c’est parce qu’“ils sont habitués à ces aléas. Ils continuent cependant de lutter contre des conditions intenables qui rythment leur vie quotidienne. Ici, le chômage fait des ravages”, lance notre interlocuteur.
Un chômage galopant qui ronge toute une jeunesse…
“La débrouille est devenue notre solution la plus apte pour survivre ; ici, le chômage a fait des ravages. Les jeunes ne travaillent presque pas, ils sont à la merci de toutes sortes de fléaux et de maux, et la consommation de drogue en est un” a lâché rageusement un jeune diplômé de la région. Par ailleurs, certains d’entre eux, parmi lesquels nous trouvons des ingénieurs et des TS, subviennent à leurs besoins en dénichant de petits jobs journaliers. “Les responsables ont annoncé la réalisation de grands projets, tels que le fameux CHU qui a déjà fait couler beaucoup d’encre ces dernières années, ensuite ils nous ont annoncé l’implantation d’une cité universitaire, des projets qui s’avéreront par la suite n’être que des chimères, espérant que ces projets ne seront pas tout bercés dans des rêves” souhaite notre interlocuteur, avant d’ajouter “les élus ne s’inquiètent de la situation de ceux qui les ont élus que lorsqu’il y a une électorale en perspective”.
Dans le même ordre d’idée, il convient de savoir que le wali de Béjaïa, Ali Bedrissi, a révélé lors de sa visite dans cette région, l’implantation d’une faculté de droit de 8 000 places pédagogiques avec une cité universitaire de 5 000 lits, de même le futur CHU est envisagé dans la même commune, espérant que la parole sera jointe à l’acte et que les décisions annoncées ne resteront pas au stade des faits d’annonce.
Il est à rappeler que cette ville a connu ces derniers temps, de sporadiques mouvements de grogne des citoyens suite à la dégradation totale de leur cadre de vie dans certaines régions, qui sont privés malheureusement de toutes les commodités de vie. Des jeunes qui veulent seulement rompre leurs train trains quotidiens et de sortir ainsi de cette ornière qui couvent leur quotidien. Les cyberscafés et les cafétérias, qui sont devenus le seul endroit où ils peuvent “tuer” le temps, en dépit de l’existence d’un centre culturel, ainsi qu’une maison de jeunes. Des infrastructures qui sont censées accueillir ces jeunes, malheureusement aujourd’hui, sont dépourvues de tous les moyens, ce qui poussent ces jeunes à les bouder.
Le réseau routier, le gaz de ville…des bombes à retardement
Un travail de longue haleine, attend les édiles et les premiers responsables de cette région, qui doivent sortir de leur politique de tâtonnement. De l’avis de tout le monde, le réseau routier, pour ne pas dire le bourbier, est devenu impraticable et même dangereux, c’est le cas notamment pour les axes routiers reliant le centre-ville aux villages limitrophes, tels que Boukhalfa, Ighil Ialouannen, el-Hamma ainsi que la rentrée principale de la ville au niveau de la zone industrielle, pour ne citer que ceux-là. Dans le même ordre d’idée, il est à rappeler que le chemin reliant Amizour à Taddert Tamokrant, en passant par une dizaine de villages est quasi impraticable. Une partie a été seulement revêtue dernièrement, et le reste de la route demeure parsemé de nids-de-poule et de crevasses.
Les dernières pluies qui se sont abattues sur cette région, ont mis a nu les défauts de réalisation des travaux de revêtement.
En effet, l’on a enregistré d’importants glissements de terrain dûs à l’absence d’ouvrages d’évacuation des eaux pluviales. La route fut pratiquement coupée à proximité du CFPA d’Amizour, suite aux travaux lancés pour la construction des logements. “Nous avons demandé la réfection de la route à cet endroit mais les autorités ont procédé à de légères aménagements qui ne règlent pas le problème’’ a tempêté notre interlocuteur.
Malheureusement cette situation perdure depuis belle lurette, en dépit des doléances quotidiennes des citoyens qui sont déjà rongés par tous les maux et les aléas, ces derniers ont déjà cadenassé à maintes fois le siège de P/APC, pour exprimer leur ras-le-bol et leur marasme, mais rien n’a été fait pour le moment. En outre, les habitants se plaignent aussi de l’absence de gaz de ville, des villages qui sont implantés à un jet de pierre de la ville n’en disposent toujours pas, le réseau AEP, n’a pas été refait depuis des années. Dans le même sillage, le taux de raccordement en eau potable qui reste toujours défectueux, sachant qu’il existe toujours des village qui souffrent de la soif notamment durant la période d’été, alors que d’autres villages se plaignent de la mauvaise qualité de l’eau du robinet, après cette illustre affaire des petites souris, qui ont été découvertes dans un château d’eau qui alimente malheureusement sept villages. Faut-il rappeler que cette affaire a été ponctuée par la fermeture immédiate de ce château d’eau après quelques jours seulement de la publication de notre article. D’autre part, des questions sont alors de mise : quelles sont les raisons de ce retard ? Sont-ils dûs aux facteurs humains, de manque de compétence, ou bien aux facteurs naturels ? Des questions qui restent toujours posées, étant donné qu’une petite comparaison avec une autre daïra limitrophe qui a bénéficié de grands projets tous azimuts, en l’occurrence, El Kseur, explique tout. Cette dernière est devenue aujourd’hui la référence de tous les Amizourois, en dépit de tout ce qu’elle a vécu durant les événements de 2001, mais grâce à la volonté de ses édiles qui ont réussi à arracher de grands projets, tels que : des cités universitaires, des grands projets de logements, un taux élevé de raccordement en gaz de ville… Ce qui a engendré la création de centaines, voire des milliers de postes d’emplois. En somme, il semble qu’il y a anguille sous roche au niveau de cette ville, sinon comment expliquer ce marasme qui couve sur toute une région. Enfin, il serait louable pour ceux qui veillent sur l’intérêt de cette ville, de s’occuper davantage des problèmes de ses citoyens, au lieu de se perdre dans des futilités, tout en essayant de museler les gens qui veulent défendre l’intérêt de ceux qui les ont élus.
Yahia Maouchi