Depuis son inauguration en 2000, la polyclinique d’Akfadou était destinée à couvrir les premiers soins de plus de sept mille habitants l’hiver et plus de dix mille pendant la saison estivale. Cependant, cet établissement est dépourvu des moyens humains et matériels pour subvenir aux urgences aggravées par un incendie qui s’est déclaré dans la salle de pédiatrie lors des émeutes. Depuis, les séquelles sont visibles et nuls travaux de réaménagement des lieux n’ont pris forme. De prime abord, il y a lieu de noter que le service médical est disponible uniquement de jour, assuré par un seul médecin qui donne des consultations sur place et assure des soins en milieu scolaire (primaires, CEM et lycée). La présence d’une dentiste est aussi un élément très louable en soi, mais elle demeure insuffisante tant elle est débordée par les nombreuses consultations qu’elle donne sur place et également en milieu scolaire. Située en zone rurale, cette polyclinique est censée être à l’avant-garde de la lutte face aux urgences sporadiques. Mais, en l’absence criarde de l’eau potable qui n’est distribuée qu’une heure par jour, s’ajoute l’absence de service de radio et de laboratoire.
De même, l’ambulance est disponible uniquement le jour ! Et c’est justement là que le mal est insidieux. Si bien que le matériel de la maternité est disponible sur les lieux, mais jamais ouvert, malgré qu’une psychologue est présente, de même que la présence d’une sage-femme sur les lieux pendant un jour ou deux pour donner des conseils aux femmes sur la prévention et le dépistage du cancer des organes génitaux et assurer un suivi de grossesse, la vaccination et l’espacement des naissances ; cela est nettement insuffisant lors des cas majeurs, notamment lorsqu’un foyer attend un moment de bonheur : la naissance d’un nouveau-né.
“La maternité n’assure pas le service, regrette un jeune père de famille. On m’a demandé d’aller faire accoucher ma femme à Sidi Aïch ! Alors, on a dû nous déplacer sur plus de vingt kilomètres et je vous assure que cela ne fait guère plaisir de voir sa femme souffrir pendant un voyage d’une heure qu’on traverse la peur au ventre ! Heureusement que ma femme a eu des maux au ventre pendant le jour, si c’était la nuit, je ne saurais plus comment faire !”.
Cette ultime et inextricable insuffisance résonne dans l’esprit des habitants comme une incongruité à la fois indigeste et inacceptable car, ajoute-t-on, elle porte atteinte à la vie des femmes enceintes et celles des futurs bébés.
“Et comme cela ne suffit pas, tempête un habitant d’Imaghdacène, les pouvoirs publics veulent freiner l’exode rural. Mais grand Dieu, comment peuvent-ils y arriver ? Accoucher ailleurs, c’est aussi un conseil incitatif à aller vivre ailleurs, non ?”.
T. D.
