L’ANGEM n’attire toujours pas les chômeurs

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En dépit des nombreux avantages financiers et fiscaux qu’elle propose, la formule de création d’emplois Angem n’arrive toujours pas à décoller à Tizi-Ouzou. Certes, des efforts considérables ont été déployés pour vulgariser les différents services de l’Agence nationale de gestion de micro-crédits (Angem) notamment pour encourager l’auto-emploi, le travail à domicile et les activités artisanales, mais l’engouement de la population de Tizi-Ouzou reste plus que timide comparé aux chiffres réalisés dans d’autres wilayas. Pour ceux qui ne le savent pas, ce dispositif est un prêt destiné à toute forme de projet dont le coût se situe entre 30 000 et 400 000 DA. Les crédits sont étudiés et octroyés selon une échelle de deux variantes. La première est destinée aux projets de 3 millions de centimes au moins. Il est particulièrement proposé pour l’achat de matières premières et le développement d’une micro-activité, souvent dans le domicile même du propriétaire. Les femmes sont les plus attirées par cette formule, car elle leur permet de lancer des dizaines de petites activités, notamment la fabrication et la vente des gâteaux. La deuxième catégorie de projets concerne ceux dont le montant global varie entre 5 et 40 millions de centimes, et ce, à titre de création d’activité par l’acquisition de petits matériels et de matières premières pour le démarrage. Pour ces deux types de projets, le délai de remboursement peut aller de 12 à 60 mois (d’une année à 5 ans). Ils sont plutôt destinés aux femmes au foyer et aux populations sans revenus, ou à celles disposant de revenus irréguliers.

Par ce fait, il est clair que l’opportunité paraît alléchante pour bon nombre de citoyens dont le niveau social ne permet pas de se lancer dans des affaires plus importantes. Mais en dépit du fait que la formule s’est répandue jusque dans les milieux sociaux les plus défavorisés, l’on ne se bouscule toujours pas aux portes de l’Angem, pour arracher le fameux crédit. Certes, l’antenne de Tizi-Ouzou a financé presque 3000 projets de ce type entre 2005 et 2009, mais ce chiffre reste dérisoire s’il est comparé aux taux réalisés par d’autres wilayas.

A titre d’exemple, la wilaya de Béjaïa a fait sept fois mieux en accordant quelque 20 000 crédits durant la même période. Selon la même lecture comparative, les chiffres de l’Angem paraissent également très faibles par rapport au succès du dispositif Ansej, qui, lui, est arrivé à financer quatre micro-entreprises chaque jour que Dieu fait. Si certains professionnels du secteur expliquent cette retenue par la fragilité de la politique de vulgarisation de la formule ainsi que la récente mise en œuvre du dispositif (comparé à l’Ansej, la Cnac…) il n’en demeure pas moins que d’autres facteurs interviennent pour déterminer le choix des promoteurs.

Offrir un cadre promotionnel aux couches défavorisées c’est bien, mais il aurait été mieux si la formule a inclus les jeunes “chômeurs” dans ses prévisions. Un chômeur qui n’arrive pas à payer les 10 % d’apport personnel exigé par l’ANSEJ (pour les projets dépassant les 2 millions de dinars) ou les 5 % des projets qui coûtent moins auraient pu être orienté vers l’Angem et créér ainsi une entreprise appropriée à ses capacités financières et à sa vision personnelle du projet.

Le contraste le plus frappant dans cette formule, c’est qu’on propose aux jeunes de s’investir dans un projet bien défini (avec toutes les tracasseries administratives et financières qui en découlent), alors que ce même projet n’est pas fait pour assurer un avenir stable et décent au promoteur.

De fait, entre les 30 000 DA de l’Angem et les opportunités de l’Ansej, les jeunes semblent avoir fait leur choix. Il reste aux autorités de recadrer leur stratégie et de viser plus de chômeurs en leur offrant de véritables horizons.

Ahmed. B.

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