Le cercle (infernal) des protestations de rue ne semble pas vouloir s’estomper à Tizi-Ouzou. Hier, la Nouvelle-Ville était pratiquement inaccessible depuis le boulevard Stiti car de nombreux citoyens en colère ont dressé des barricades et interdit toute circulation automobile au niveau de la cité communément appelée Les Corbeaux.
A notre arrivée sur les lieux, vers 10 h 30, le décor était déjà planté : des pneus fumants obstruant la chaussée, de grosses pierres et de vieilles bicoques faisant office de barricades sur les deux accès de la cité, et une foule de citoyens, majoritairement des résidants du quartier formant des multitudes de grappes.
Cette fois-ci, il ne s’agit ni de revendication sociale ni de protestation contre un branchement de gaz ou d’électricité, ni même d’un mouvement de chômeurs exigeant des postes d’emplois. Les habitants des Corbeaux se sont mis en colère parce que l’un des leurs, actuellement en détention provisoire à la prison de Tizi-Ouzou, s’est vu refusé, par les autorités judiciaire et pénitentiaire, une autorisation de “visite éclair” afin de jeter un dernier regard sur sa maman qui vient juste de décéder. Dans la matinée déjà, d’intenses tractations ont eu lieu entre la famille du détenu et son avocat avec le procureur de la République. La décision de bloquer la route a été prise immédiatement après le refus catégorique du représentant de la loi. A l’heure où nous écrivons, la situation était encore sous tension à la Nouvelle-Ville, la route était toujours bloquée, et de nouvelles tractations ont été entamées pour tenter de dénouer la situation. Il est à signaler que le détenu en question est actuellement mis sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Tizi-Ouzou dans le cadre des affaires qui ont secoué la mairie de Tizi.
Ahmed B.