Près de deux cents personnes sont sorties dans la rue hier matin pour protester contre la gestion de l’APC d’Ahl Leqsar et l’inexistence d’eau potable qui fait cruellement défaut dans cette région. Dès les premières heures de la matinée, la route principale menant vers le chef-lieu communal était bloquée par des pneus en flamme et plusieurs manifestants empêchaient l’accès vers le village. D’emblée, en nous présentant, nous avons été accueillis par cette foule avec une liste de revendications. Après avoir demandé un interlocuteur pour plus d’éclaircissements dans tout ce brouhaha, un représentant de ce mouvement, nous a déclaré que les problèmes de la localité sont multiples mais les dernières factures de l’ADE sont à l’origine de cette grogne. “Nous avons reçu des factures de 30.000 DA alors qu’aucune goutte d’eau n’est disponible dans les robinets de nos foyers… C’est de l’arnaque…’’
D’autres manifestants nous feront part de l’absence de routes, de l’éclairage public, du manque de logements ruraux, et surtout de l’eau potable qui est la denrée la plus rare. On nous dira que les canalisations sont vétustes et que le réservoir d’eau est fissuré.
D’autres protestataires diront qu’il est impossible de se faire délivrer un acte de naissance n°12… Les manifestants en colère, qui exigeaient la venue du chef de daïra de Bechloul et du wali, nous feront part de la hogra dont ils se disent victimes : “Nous avons bloqué la route mais aucun responsable n’est venu s’enquérir de la situation.” En nous rendant vers le siège de l’APC, les commerces étaient ouverts et bon nombre de citoyens vaquaient à leurs occupations. Le maire qui nous a reçus dans son bureau évoque, quant à lui, une manipulation qui a entraîné cette émeute. “Le problème soulevé par les citoyens n’est pas fictif. La commune enregistre un déficit en alimentation en eau potable, et je comprends leur mécontentement mais la manière dont cela est exprimé n’est pas innocente. Nous avons pris conscience de la surfacturation dont sont victimes les habitants d’Ahl Leqsar mais il y a des manières plus raisonnables pour résoudre ce problème.” Le maire, M. Chaâbi dévoilera plusieurs programmes entamés durant le début de son mandat pour éradiquer la crise d’eau qui persiste dans sa municipalité.
Il évoquera des chiffres et plusieurs projets inscrits et en cours de réalisation qui devront une fois achevés, permettre à 85% de la population de bénéficier de l’eau potable. Alors que le P/APC s’exprimait sur ses chiffres, la foule en colère s’était dirigée vers le siège de l’APC en scandant des slogans hostiles à l’adresse du maire. Quelques pierres ont même été jetées, brisant des vitres du bureau de l’état civil.
Concernant les revendications soulevées par les contestataires tels les logements, le recrutement dans le cadre du filet social, les routes et autres, M. Chaâbi révèlera avoir été l’un des premiers P/APC a avoir mis fin au tribalisme qui sévissait jusque-là dans la région.
Il expliquera entre autres qu’une frange importante de la population de la commune voisine d’Ouled Rached était née dans la commune d’Ahl Leqsar, ce qui expliquerait la rupture fréquente d’imprimés d’extraits d’actes de naissance n°12.
En sortant de la mairie, la foule avait cadenassé les portes du siège de l’APC et attendait avec impatience la venue des autorités de daïra et de wilaya.
Les protestataires que nous avons laissés sur place affirment que si personne ne se déplace (wali ou chef de daïra de Bechloul), ils procéderont aujourd’hui à la fermeture de l’autoroute et de la RN 05. Par ailleurs, ces derniers demandent avec insistance la délégation d’une commission d’enquête ministérielle pour faire la lumière sur “des zones d’ombres” qui entourent certains dossiers. Une commission d’enquête désirée également par les autorités communales qui affirment ne rien avoir à cacher.
Hafidh B.