La Dépêche de Kabylie : M. Bouguermouh, vous êtes absent de la scène artistique depuis des années. Peut-on connaître vos nouvelles ?
Abderrahmane Bouguermouh : Je suis très malade ces derniers temps et j’ai souvent séjourné dans plusieurs hôpitaux. Je vis à Ighzer Amokrane depuis quelques années, et j’ai essayé de renouer avec la caméra pour entretenir la flamme mais les pépins de santé (chute suivie de la fracture du fémur) sont des obstacles supérieurs à ma seule volonté. Cependant, mis à part mes pieds fragilisés, je me sens bien et je respire la joie de vivre !
Que vous inspire l’hommage qu’on vient de vous rendre ici à Akbou ?
La joie et le plaisir. Ce fut un grand élan de générosité qui m’a ouvert les portes pour reprendre le contact avec la population et surtout, je suis agréablement surpris par l’énergie de nos jeunes qui sont très intéressés par la « chose » culturelle et je me dis alléluia ! Nos jeunes ne sont pas tous des dealers.
On vous sent heureux !
Depuis des années, j’étais très enfermé dans une triste solitude et cette cérémonie est venue me donner un bol d’air vivifiant. Et là, je me suis rendu compte qu’il reste encore chez nos jeunes une certaine fierté des origines et le respect des leurs, ce qui prouve qu’ils aiment leur terre et viscéralement attachés à leur racines.
Que pensez-vous de l’actuel cinéma algérien ?
Hélas, notre cinéma agonise devant nos yeux sans que cela n’émeuve personne ! L’État ne soutient guère les productions, sinon timidement. Dans notre pays, il n’y a guère de culture à même d’ouvrir les portes à l’épanouissement du septième art et pour cette raison toutes les productions ou presque relèvent du bricolage.
Après le cinéma, il y a eu aussi un roman !
(Un sourire malicieux d’abord…) il m’arrive aussi de m’aventurer loin des sentiers battus ! A travers le roman Anza, j’ai voulu apporter un témoignage oculaire, modestement et sincèrement, et sauvegarder un pan entier de l’histoire de notre pays. D’ailleurs, le plaisir que j’ai eu a été décuplé en me rendant compte combien la littérature et le cinéma se complètent.
M. Bouguermouh, je vous laisse conclure…
Quand on aime la vie, on ne veut jamais conclure… (rire !) De même, nos jeunes ne manquent pas de bonnes volontés et j’ose espérer que les hautes autorités se pencheront avec esprit de responsabilité pour les aider à mieux appréhender la vie… Les harragas me rendent tristes ! Les Algériens méritent mieux ! Enfin, je ne peux oublier d’adresser mes vifs remerciements à Ithri Adelsan qui ne m’a pas oublié et à La Dépêche de Kabylie qui m’a ouvert ses colonnes.
Interview réalisée par T.D.