“L’habitat précaire est un problème national et fondamental, et non seulement un problème sectoriel, tout les ministères sont concernes.” C’est du moins ce qui est ressorti hier des déclarations des représentants du secteur public, des spécialistes et professionnels, dans le cadre d’une table ronde qui s’est tenue hier au Centre de presse d’El Moudjahid, et qui a été consacrée au programme national d’éradication de l’habitat précaire qui constitue l’une des priorités du gouvernement en matière de lutte contre les inégalités sociales. Prenant la parole, le représentant du ministère de l’Habitat, Makhlouf Naït Saâda, a indiqué que ce phénomène n’a épargné aucune ville en Algérie. “L’habitat précaire est un phénomène qui incombe au premier lieu à la situation socioprofessionnelle des gens, d’autant que l’habitat devient de plus en plus inaccessible, sans oublier la décennie noire, qui a accentué la prolifération de la construction des baraques, d’autant que les gens, faute de sécurité ont quitté la campagne et leur habitat, pour venir s’installer en ville’’ argue-t-il. Le dernier recensement de l’habitat précaire, mené en 2007 par le ministère de l’Habitat, durant six mois, et avec la participation de la DGNS et de la Gendarmerie nationale, a fait enregistré 553 000 habitats précaires tous types confondus dont 92 000 constructions bâtie à base de parpaing et 280 000 dépourvues de toutes normes de construction, alors que 180 000 représentent d’anciens habitats en argile qui se situent dans des régions arides, telles que Adrar, El Oued, Laghouat, et Ghardaïa. Ce parc précaire représente selon, Naït Saâda, 8% de notre parc d’habitat, dont 60% se trouve dans des agglomérations dont 13% au niveau du chef-lieu de wilaya, et 40% dans le monde rural, alors qu’il dépasse les 39% à la Libye, 31% au Maroc, et 94% en Mauritanie. Ce phénomène n’a pas épargné les pays développés, d’autant qu’il représente plus de 5% en France et en Espagne, et 7,6 en Pologne, des chiffres divulgués par le dernier rapport de l’ONU, confirme le conférencier.
Par ailleurs, plus de 70 000 baraques ont été éradiquées durant ces dernières années, mais cela n’a pas empêché l’habitat précaire de prospérer. Dans ce cas, le représentant du ministère de l’Habitat dira que des mesures draconiennes seront prises à l’encontre de ces gens, afin d’éradiquer le parc précaire. En outre, le département de Nourredine Moussa est en train d’élaborer un fichier national de logements qui permettra l’enregistrement de tous les bénéficiaires. Ces derniers ne passeront plus entre les mailles du filet. De sont côté, Lakhdar Khaldoun, indique que le dossier de l’habitat précaire est déjà ficelé par le ministère de l’Habitat qui a alloué une enveloppe de 9,9 milliards de dinars pour éliminer ce phénomène. La capitale compte à elle seule près de 60 000 habitats précaires contre un projet de réalisation de 45 000 habitats, alors que la wilaya de Tizi-Ouzou en compte 30 000, durant le dernier recensement de 2007. L’habitat précaire est devenu aujourd’hui une source de maux pour la société, estiment les conférenciers, ce qui nécessite aujourd’hui une volonté politique, ainsi des entraides entre les différents ministères. Autrement dit, c’est une problématique nationale, et non sectorielle. “Tous les ministères sont concernés par ce phénomène, c’est une affaire nationale” enchaîne notre interlocuteur.
Pour cela, il est nécessaire d’encourager les investissements dans des zones à promouvoir, telles que les Hauts-Plateaux, tout en en réalisant le plus grand nombre possible, au moindre coût. En somme du pain sur la planche attend le département de Nourredine Moussa, pour en finir avec ce vrai casse-tête chinois.
Yahia Maouchi