» Plus de retour en arrière  »

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Le discours que le chef de l’Etat a prononcé, hier dans la coquette ville de Skikda, à l’occasion de la célébration du double anniversaire de l’offensive sur le Nord constantinois et la tenue du congrès de La Soummam, était aussi une occasion pour lui de revenir, avec plus de détails, sur  » la charte pour la paix et la réconciliation nationale  » qui sera soumise à référendum le 29 septembre prochain. Pas seulement, puisque le Président s’est longuement attardé sur l’histoire de la colonisation et les « tentatives révisionnistes » de la loi française du 23 février. Avec plus de détails et de détermination, le président Bouteflika a tenu à préciser, de prime abord, que son projet ne vise pas à absoudre les criminels de leurs crimes.  » “Qu’on se mette d’accord. La réconciliation nationale, qui s’impose volontairement et naturellement, ne signifie aucunement l’exonération généralisée de toute responsabilité, puisqu’elle nous oblige au devoir de mémoire (…) La réconciliation nationale, selon notre conception, doit nous prémunir de la répétition du phénomène du terrorisme et de la radicalisation », a notamment dit le chef de l’Etat avant de s’engager, sur un ton des plus fermes, et dans le texte du discours : « Je le dis avec force et vigueur nécessaires ; Nous n’allons plus laisser l’hydre terroriste renaître de ses cendres et semer la zizanie entre nous. Qu’on le dise haut et fort : nous n’allons plus tomber dans le même gouffre. » Plus claire, le propos de Bouteflika fait allusion au phénomène idéologique et politique du terrorisme. Il le précisera plus loin dans son discours puisqu’il parle, clairement, d’interdiction de l’activité politique. « Il est clair, a-t-il dit, qu’avec votre participation à ce référendum, vous allez couper la route à ceux qui veulent se jouer de notre religion pour satisfaire leur soif de pouvoir ; et vous devez leur interdire l’exercice dans le champ politique pour ne plus leur laisser la chance de commettre leurs méfaits de nouveau », a lancé Bouteflika aux Algériens avant de s’écrier qu’”il faut trancher ». Trancher pour « l’interdiction de l’exercice politique à ceux qui ne respectent pas les lois de la République », et encore, menaçant et direct, le Président s’est adressé aux responsables du FIS en disant : « Que ceux qui ont causé le malheur des Algériens sachent qu’ils ne leur reste plus de place dans le champ politique. » Cependant, le premier magistrat du pays a rassuré ceux qui parlent du verrouillage de la scène politique. « A ceux qui veulent faire de politique ; et qui respectent la Constitution et les lois de la République, qu’ils soient rassurés. Le champ est libre », leur a-t-il lancé non sans insister sur la caractère républicain de l’Etat algérien. Il a également tenu à rendre un hommage appuyé aux forces de sécurité « notamment l’armée nationale populaire » pour leur combat contre le terrorisme. Il dira que la charte pour la paix et la réconciliation nationale tend justement à « prémunir les institutions de la République de tout soupçon de nature à attenter à leurs crédibilité ». Pas besoin de préciser, à ce propos, que la référence pour les partisans du « qui tue qui » est flagrante.Se voulant plus rassurant, le Président a fait savoir que certains « ont voulu imposer au peuple un Etat théocratique en utilisant l’Islam », mais que ces derniers vont avoir « un affrontement suicidaire avec le peuple algérien ». Pour lui, la réconciliation nationale n’est « pas le bâton de Moïse », mais ne signifie nullement le « retour à la case départ ». Pour Bouteflika, le retour au début des années 1990 est « exclu ». Autrement dit, il n’y aura plus d’agrément pour les partis radicaux.En plus de ces éclaircissements, Abdelaziz Bouteflika est longuement revenu en détail sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale qu’il considère comme « document historique » et ses contours. Autant dire que le président de la République a véritablement entamé sa campagne référendaire.

A. B.

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