L’occasion est historique. Le sujet l’est autant. Abdelaziz Bouteflika met, encore une fois, les points sur les » I » concernant la qualification du colonialisme.S’il n’a pas cité précisément la loi française du 23 février sur le colonialisme, le président de la République s’est attardé sur les « méfaits » du colonialisme et se dit étonné que certains « trouvent des bienfaits » à cette pratique. Plus véhément encore, Bouteflika dira que le colonialisme a « comme projet d’exterminer le peuple algérien. » Une pratique que le premier magistrat du pays qualifie de “programmée. » « S’il est difficile de rendre présents les faits de l’Histoire, il est plus difficile de reconstruire la conscience du peuple de fait de l’invasion, de l’extermination et de destruction évidents. Parmi les méfaits de la colonisation de peuplement qui a préparé un projet complet dans le but de dépouiller l’Algérie de son peuple, de sa terre et ressources », a notamment dit Abdelaziz Bouteflika dans ce sens non sans préciser que « nous vivons les méfaits de la colonisation » jusqu’à présent. Les idées « civilisatrices » du colonialisme ne sont pas une « idée marginale ni isolée », selon le Président qui pense que cela est « au cœur même de la politique de l’Etat colonial.” Encore, Bouteflika dit que « le colonialisme est une institution complète ». Pire, les « crimes commis à l’encontre de notre peuple ont reçu la bénédiction et la caution politiques. » Décodé, le message de Bouteflika s’adresse à ceux qui parlent encore d’actes « de guerre » sans couverture politique. Le premier magistrat du pays dira, en outre, que le recours aux armes « nous était imposé » par les pratiques du colonialisme. Pour lui, » une simple décision politique » ne suffit pas » pour effacer les crimes coloniaux « . Un devoir de mémoire s’impose, selon lui, mais cela doit passer par « une condamnation unanime de la communauté internationale qui doit condamner ces crimes contre l’humanité (…) pour que ne reproduisent plus les crimes organisés et commis par des Etats, à l’image de ce qu’a fait le fascisme et ceux qui ont adopté la même démarche que lui. » Le chef de l’Etat déclare que le colonialisme ne se » justifie pas par des effets révisionnistes « , et que « les crimes coloniaux ne doivent pas être blanchis » et qu’on « ne doit pas faire d’un criminel un Saint. » C’est pour ne pas laisser l’Etat colonial agir, précisera Bouteflika, que les Algériens ont décidé de faire » deux révolutions. » La première, par les armes le 20 août 1955 et la deuxième par la sagesse et la réflexion le 20 août 1956 au Congrès de La Soummam qui a jeté » les bases idéelles et idéologiques » de la révolution.Regrettant le fait que les » jeunes ne connaissent que des bribes de notre Histoire « , Abdelaziz Bouteflika a appelé à une écriture « dépassionnée de l’histoire. » Une écriture qu’il souhaite « basée sur des méthodes scientifiques. »
Ali B.
