l Jadis, l’apprentissage du métier de tapisserie, se transmettait naturellement de mère en fille, de génération en génération. A Aït Hichem le métier à tisser trônait dans chaque maison à longueur d’année si bien que les filles étaient initiées à cet art dès le jeune âge. Elles pouvaient, arrivées à l’âge adulte, se constituer un trousseau de mariage qui comprenait plusieurs modèles de tapis et le cas échéant procéder à la vente du produit de leur labeur afin de faire face aux multiples dépenses quotidiennes. Actuellement, si le matériel a légèrement évolué, les objectifs sont demeurés les mêmes. Pour cette jeune fille qui suit la formation de tapissière, “le tapis est un métier qui peut nous permettre de gagner notre vie, tout en restant à la maison”. Cependant, si on se fie aux déclarations des artisans rencontrés à l’occasion de la Fête du tapis, le gain est loin d’être proportionnel à la dépense. Pour Mme Hamouda, qui a été honorée par l’obtention du troisième prix, au dernier Salon international de l’artisanat “le tissage est devenu presque un loisir. Le plaisir de produire un tapis l’emporte sur le gain car si l’on prend en ligne de compte la durée nécessaire au tissage de “aâbane” (le tapis) ainsi que le coût de la matière première, les prix de vente des produits exposés sont en déçà de leur valeur réelle”. La même version nous a été donnée par Mme Taous Ben Gougam, gérante de l’atelier de tissage Cecilia. Elle nous apprend que le tapis mis en vente à 15 000 dinars, nécessite un mois de travail de deux tisseuses. Les frais de matière première sont évalués à environ 4000 dinars. Il faut dire, cependant que même si le bénéfice tiré par l’artisane est relativement faible, son métier lui laisse le temps de vaquer à d’autres occupations à savoir s’occuper de son foyer et d’élever ses enfants, ce qui est très important en soi. Quant aux clients aux revenus moyens, ils se plaignent du prix élevé des produits exposés. D’ailleurs, au deuxième jour de la manifestation, peu de tapis ont été vendus. Celui-ci est considéré comme un produit de luxe, utilisé surtout pour la décoration de salons. Les dimensions ainsi que le nombre de tapis qu’on trouve, donnent un aperçu de la fortune de celui qui vous reçoit.Pour en revenir au tapis d’Aït Hichem, nous avons remarqué qu’il n’est plus le privilège des femmes du village sus-cité. En effet, grâce à la formation au CFPA ou chez les artisans, beaucoup de jeunes filles des 48 villages que compte la commune d’Aït Yahia, s’initient quotidiennement à cet art qui leur permettra, plus tard, d’en faire leur gagne-pain.
Nacer B.
