Une mission à hauts risques

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Ali Tounsi, patron de la DGSN a été froidement exécuté par un de ses proches collaborateurs, pour, dit-on officiellement, une affaire de corruption dont serait impliqué l’assaillant qui se trouve toujours à l’hôpital militaire d’Alger. L’assassin, Oultache Chouïeb, est responsable de l’unité de la surveillance aérienne, créée par Ali Tounsi en 2003 et confiée à son ami Oultache. Selon la presse, Ali Tounsi s’apprêtait à le limoger et à geler tous les marchés passés par l’unité héliportée de la sûreté nationale. Des doutes planent sur certaines transactions, a-t-on souligné.

En moins d’une année, plusieurs grosses affaires de corruption sont étalées sur la voie publique. De l’autoroute Est-ouest à Sonatrach, plusieurs autres affaires de détournements sont jugées et plusieurs responsables ont été condamnés.

Dans un pays où la corruption, les irrégularités dans les passations de marchés, la gabegie… sont devenues un sport national, l’on s’interroge sur les mécanismes à mettre sur pied afin de mener la lutte à son terme. Quand le premier responsable de la sûreté nationale est abattu dans son bureau pour une affaire, toujours selon la version officielle, liée à la corruption, quel serait le sort réservé à des acteurs de la société civile qui décideraient de s’impliquer dans cette lutte ? Ou, en d’autres termes, l’Etat est-il en mesure d’assurer la sécurité des enquêteurs, des magistrats, des journalistes et des citoyens qui mèneront cette lutte ? Sans une véritable politique de lutte contre ce fléau dévastateur, les discours de circonstance que l’on nous ressasse à tout bout de champ n’en valent pas un fifrelin. Le plus téméraire des éléments engagés dans ce “combat” baissera les bras si l’on évoque certains épisodes où la lutte est devenue, fatalement, une mission prioritaire de l’Etat, le temps d’un conflit entre clans du pouvoir. Cela est devenu un secret de Polichinelle, à chaque fois que de grosses têtes sont citées dans les affaires de corruption, les “mauvaises langues” évoquent une lutte de clans au sein du sérail. Est-il juste que les opérations qu’on appelle “opération mains propres” sont mises en branle à chaque conflit en haut lieu ? Est-il concevable que les premiers responsables de départements impliqués dans des affaires de corruptions et de détournements ne soient jamais inquiétés ? Est-il normal que sans l’implication du DRS dans la lutte contre la corruption, tous les textes de lois, tous les décrets ne valent pas, en fin de compte un pet de lapin ?

Les enquêteurs ont-ils un champ de manœuvre assez important pour mener à terme les investigations ?

M. M.

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