«Tourner la page sans oublier le passé»

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«La réconciliation nationale n’est pas un slogan, ni un ticket d’entrée pour certaines personnalités politiques, c’est une philosophie et un projet de société», a déclaré hier le ministre de l’Emploi et la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbas, lors d’une rencontre avec les associations religieuses et culturelles à Tizi Ouzou, dans le but d’expliquer les huit dispositions relatives à la charte pour la paix et la réconciliation nationale.Dans son intervention devant une salle archicomble, le ministre a voulu d’abord mettre en relief l’esprit de la charte, en déclarant que son objectif est de tourner une page douloureuse de l’Algérie sans oublier le passé M. Ould Abbas a salué la population de la région pour sa grande contribution à travers l’histoire de l’Algérie, «c’est pour la 19e fois en six ans, que je visite cette wilaya et, à chaque fois que je viens, j’éprouve beaucoup d’émotion», dira-t-il.Evoquant les douloureux événements de la Kabylie, le ministre a soutenu que la réconciliation n’est pas seulement à l’échelle nationale, mais également à l’intérieur de cette région. «L’objectif principal est de rassembler les Algériens autour de ce projet pour panser les blessures», souligne-t-il et d’enchaîner que le choix porté sur cette wilaya n’est pas fortuit, puisqu’elle a subi le diktat du terrorisme durant la décennie rouge et vécu les tragiques événements depuis quatre ans.M. Ould Abbas dira ensuite, sous les applaudissements de l’assistance : «Nous voulons construire pour les générations à venir, une société antisismique». L’orateur pense qu’une telle démarche ne peut réussir que si l’Etat prend en charge toutes les victimes de la tragédie nationale. Pour illustrer son idée le représentant de l’Etat a déclaré que pas moins de 10 000 jeunes ont pris le maquis pour des raisons sociales telles que l’exclusion et le mépris, mais ils n’ont rien à voir avec l’islamisme.«L’Etat algérien qui a vaincu le terrorisme peut aujourd’hui s’occuper de tous les orphelins et les veuves de cette tragédie», a fait savoir le ministre. «Durant la décennie rouge, alors que l’Algérie affronte toute seule l’horde terroriste, aucun pays arabe n’est venu nous proposer son aide, aujourd’hui le Président parle de la réconciliation après qu’on ait combattu le terrorisme», souligne-t-il.Et de conclure que «le peuple va démontrer une fois encore sa volonté d’aller de l’avant en allant massivement pour dire oui pour la réconciliation».Le département de Ould Abbas a conçu une petite brochure intitulée «Pour la sortie de crise», où des personnalités politiques et des Oulémas ont développé leur vision vis-à-vis de «la charte pour la paix et la réconciliation».Cette brochure comprend un recueil de 42 versets coraniques évoquant la tolérance et la réconciliation et des définitions du terme «moussalaha» (réconciliation). Pour mettre en exergue l’importance de ce concept dans la culture des musulmans, le ministre dira qu’«il est cité 182 fois dans le Coran».Une victime du terrorisme de la wilaya de Tizi Ouzou est intervenue également pour apporter son soutien à la réconciliation nationale, bien que les blessures ne se soient pas encore cicatrisées. Moh Belkacem, cheikh de la zaouia de Cherfa n’Bahloul, parent d’une victime du terrorisme, a déclaré que «l’Islam est une religion de tolérance et de réconciliation.»Toutefois, il y a lieu de signaler qu’avant le début de la rencontre, le ministre de l’Emploi et de la Solidarité nationale a fait don de deux bus pour le complexe psychopédagogique de Boukhalfa. Unique en son genre à l’échelle nationale, ce complexe comprend plusieurs institutions d’aide sociale.

M. Aït Frawsen

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