Force est de constater chaque jour que même si sur le plan sécuritaire, en évoquant le terrorisme, le calme semble être revenu, il n’en demeure pas moins que le phénomène du grand banditisme est devenu monnaie courante.
A l’instar des autres wilayas du pays, dans la wilaya de Bouira, les vols à main armée et les agressions sont fréquemment constatés. C’est le cas aux alentours du site touristique de Tikjda. En effet, aussi bien sur le CW98, entre la localité de la Crête Rouge et le carrefour de Tikjda, ou sur la RN 33, les agressions et les rackets sur les automobilistes de passage se multiplient. La dernière agression en date, à notre connaissance toutefois, remonte au 25 février dernier, lorsqu’un citoyen de la commune d’El Esnam qui se rendait à bord de son véhicule dans sa propriété au lieudit Ed’hous a été grièvement blessé à l’arme blanche par un groupe d’individus qui lui ont pris une importante somme d’argent, son autoradio et son téléphone portable. Une agression qui s’est déroulée à 9h30 du matin ! La victime s’est ensuite rendue immédiatement auprès de la brigade de gendarmerie de Bechloul afin d’y déposer plainte contre X pour coups et blessures et vol qualifié. Toutefois, après une enquête minutieuse, la victime découvrira l’identité d’un des auteurs de son agression. Après avoir effectué des pressions sur le bandit démasqué ce dernier lui restituera son auto-radio ainsi que son téléphone portable. La victime alertera les éléments de la brigade de gendarmerie de Bechloul pour les prévenir des informations dont il disposait. Ce n’est finalement qu’au début du mois de mai dernier que trois individus, impliqués dans ces agressions, ont été appréhendés et placés sous mandat de dépôt. Il faut savoir que depuis 2005, plus d’une centaine de plaintes pour agressions similaires ont été déposées auprès des brigades de gendarmeries d’El-Esnam, Bechloul et Haïzer. Cela dit, il demeure un nombre important d’agressions qui ne sont pas signalées auprès des forces de l’ordre. C’est le cas pour des automobilistes voulant passer quelques moments en galante compagnie sur les hauteurs de la station climatique de Tikjda. Des couples pas forcément légitimes qui demeurent des proies faciles pour les gangs sévissant en ces lieux. Après agressions et rackets, ils sont réticents à se rendre auprès des gendarmes pour déposer plainte. On croit d’ailleurs savoir que ces cas sont assez nombreux d’après les rumeurs qui circulent. Pourtant en empruntant la RN 33 ou le CW98, il est fréquent d’apercevoir des gardes communaux où des militaires sillonnant cette région. Egalement présents sur ces tronçons de routes, des revendeurs de boissons alcoolisées qui exercent impunément leur activité. Toutefois, chose pour le moins bizarre, à peine les véhicules des gendarmes sortent de leurs brigades pour patrouiller dans cette localité les revendeurs semblent être alertés et décampent aussitôt. Néanmoins, les gendarmes, notamment ceux d’El Esnam font régulièrement des descentes dans des baraques de fortune en saisissant des quantités non négligeables de spiritueux, mais ces saisies sont infimes par rapport à ce qui s’écoulent aux alentours du site de Tikjda. Les citoyens de la région s’interrogent sur la capacité des gendarmes à agir dans ces lieux boisés. On se souvient cependant que les voleurs de bétail qui ont longtemps sévi en s’accaparant d’un nombre impressionnant de têtes de bovins ont été finalement appréhendés par les gendarmes d’El Esnam. En date du 31 mars dernier, le festival expérimental de Tikjda était sensé apporter une dynamique culturelle, touristique et économique à la wilaya de Bouira, mais comment attirer, culture, tourisme et économie dans une région dont la sécurité laisse sérieusement à désirer ? Il serait grand temps que les autorités de wilaya se penchent sur cette insécurité persistante, en s’interrogeant sur l’identité des gangs qui sèment la terreur depuis trop longtemps. D’autant plus qu’il semble qu’un grandiose festival est programmé à Tikjda pour les 5, 6 et 7 juillet prochain et que les préparatifs vont bon train. La sécurité sera-t-elle au rendez-vous ?
Hafidh B.