Dès que l’arbitre a sifflé la fin du match historique livré par les Ziani, Boudebbouz, Antar, Halliche et tous les Verts face à Rooney, Lampard, Gérard et autres Barry, les villes et villages du sud de la wilaya. Des Ouadhias en passant par Ighil Imoula, et Boghni jusqu’à Draâ El-Mizan et Tizi Ghennif, ont retrouvé leur joie après l’amertume du premier match contre la Slovénie. Klaxons, chansons, scènes de liesse ont empli les airs de cet autre 18, chiffre porte-bonheur des Algériens car, n’oublions pas qu’il y a exactement six mois, jour pour jour, un autre 18 du mois de novembre que les Verts ont arraché le ticket qualificatif en battant les Pharaons au Soudan avec l’art et la manière. Avant hier, rebelote, ils l’ont fait encore à Cap Town en se montrant supérieurs aux Anglais, qui jusque-là ont sous-estimé les nôtres. Tout le monde s’accorde à dire que les Kadir, Boudebbouz et le gardien M’Bolhi ont livré un match de haute facture sans aucun reproche à Capello qui n’est pas arrivé à trouver une solution à la machine algérienne. A Boghni, à Draâ El-Mizan, les drapeaux (vert, blanc, rouge) sont sortis et déployés sur toutes les façades. En plus de ces scènes de liesse, les commentaires sont tous favorables à la troupe de Saâdane. “Ils sont irréprochables. Ils sont des grands. Avec cette équipe, on pourra battre n’importe quelle équipe du monde. Bravo, les Verts !», telle est la réaction d’un jeune à bord d’un véhicule entièrement drapé de l’emblème national. “L’espoir est permis. Nous allons battre les USA et on va monter sur le podium. Ce sont des hommes, dirgazen a mmi, inchallah, on va se qualifier», crie à tue tête un quinquagénaire. Alors qu’à Ighil Imoula, tous les habitants de ce village héroïque jurent de rééditer un autre accueil digne à la hauteur de Rafik Halliche, le combattant du désert, comme cela a été le cas en décembre dernier. “One, en 1982, nous avons battu l’ex RFA de Beckambuer, two en 1986, nous avons fait vibrer Guadalajara, et three, nous avons tenu tête à Capello et à sa troupe», enchaîne un autre supporter tout peint aux couleurs nationales. Sur toutes les terrasses des cafés, c’est le même sujet. “Nous avons raté la victoire d’un cheveu. Maintenant, même si on quitte la Coupe du monde, nous sommes fiers de notre équipe», telle est la réponse d’un autre fervent supporter qui a loué un DJ pour cette occasion auquel nous avons demandé de nous donner son impression sur la rencontre face aux Anglais. Alors qu’un autre ne fait qu’implorer Dieu pour aider les Verts à aller au deuxième tour. “Si Dieu le voudra, nous allons montrer au monde entier ce que veut dire au deuxième tour. Si Dieu le voudra, nous allons montrer au monde entier ce que veut dire le mot amazigh», nous explique ce Kabyle, qui porte l’Algérie dans ses veines. Et d’ajouter : “Le mourais pour ces jeunes. Nous sommes un grand peuple, chiche pour tous ceux qui ne nous aiment pas.” En attendant le troisième match, face aux USA, les citoyens de ce versant Sud qui a vu naître des milliers de martyrs guidés par le Colonel Krim Belkacem, Amar Oumrane, Ali Mellah, Salah Zamoum, Slimane Dhiles (encore en vie) retiennent leur souffle, tout en ayant les yeux braqués en même temps vers le match Angleterre-Slovénie. Avec ce nul, nos chances de qualification au deuxième tour sont intactes.
Amar Ouramdane