Hier à Argenteuil : Gala hommage à la mémoire de Ali Ziri et aux victimes de violences policières

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La communauté Kabyle établie en France et plus particulièrement celle d’Argenteuil, était une fois de plus, mobilisée pour rendre hommage à Ali Ziri, retraité de 69 ans, originaire d’Ouled Rached, wilaya de Bouira qui a succombé à des maltraitances policières le 11 juin 2009.

Les faits remontent au mardi 09 juin 2009, vers 20h30, lorsque trois policiers d’Argenteuil, dont une femme, ont arrêté un automobiliste, Arezki Kerfali, un Algérien de 61 ans, à l’angle des boulevards Jeanne-d’Arc et Léon-Feix. Ce conducteur était accompagné d’un autre Algérien, Ali Ziri, 69 ans, assis à ses cotés. D’après le témoignage de ce conducteur, les trois policiers lui ont d’abord demandé de sortir du véhicule au même titre que le passager, Ali Ziri. Suivent alors des menaces de les emmener au poste, puis des insultes « pas toujours très républicaines ». Voyant son ami Arezki, menotté malmené et traîné par terre, Ali Ziri tente de calmer les policiers, en leur adressant cette phrase : « Laissez-le tranquille, vous n’avez pas le droit de le frapper. Je dépose plainte contre vous ».

C’est alors que les policiers se saisissent de lui et le menottent à son tour. Les deux amis sont alors brutalisés et embarqués sans ménagement à l’intérieur du véhicule policier. C’est dans ce véhicule que le drame, ayant entraîné la mort du retraité Ali Ziri, s’est apparemment produit, alors que les deux hommes sont transportés à l’hôpital d’Argenteuil. Mis en garde-à-vue, pendant 24 heures, Arezki K., n’apprendra le décès de son ami que le jeudi 11 juin, par des policiers du commissariat d’Argenteuil.

Le conducteur affirme avoir fait l’objet d’un tabassage continu, au même titre que son ami Ali Ziri, alors qu’ils étaient tous les deux menottés. Le médecin traitant d’Arezki K. ainsi que celui de l’hôpital, lui ont d’ailleurs prescrit un arrêt de travail de huit jours.

Les proches et les amis du défunt, qui se sont rendus à l’hôpital d’Argenteuil, ont tous constaté plusieurs coups visibles sur le corps de la victime. Selon son ami Arezki, le défunt Ali avait dit aux policiers : “Vous n’avez pas honte de me frapper, je suis plus âgé que vous. Je connais la loi, je vais vous le faire payer.” Comme pour achever leur sale besogne, deux des trois policiers, dont une femme, le rouent de coups de poings et de pieds jusqu’à ce qu’il s’évanouisse.

A chaque coup, les policiers gueulaient à l’adresse du défunt : “Tu connais la loi sale bougnoule, tiens ceci, etc.” Après quoi, transporté à l’hôpital d’Argenteuil pour subir une prise de sang, c’était trop tard ! Les médecins ont constaté qu’Ammi Ali était “déjà mort”. Après cette bavure, la colère de la communauté maghrébine installée à Argenteuil ne s’est pas fait attendre. Un collectif réunissant des proches du défunt, des associations, des partis politiques et des citoyens d’Argenteuil, s’est mis en place. Les membres de ce collectif dénommé « Vérité et justice pour M. Ali Ziri”.

M. Ali Ziri a immédiatement condamné avec véhémence, la violence « raciste » utilisée par des policiers d’Argenteuil à l’encontre d’une personne « âgée ». Depuis, ils n’ont de cesse de demander à ce que toute la lumière soit faite pour élucider les circonstances exactes de ce drame et une plainte a même été déposée auprès du parquet. Le mercredi 24 juin 2009, a été organisée une marche pacifique et un rassemblement s’est tenu devant le commissariat d’Argenteuil. Une année après ce drame, le collectif “Vérité et Justice pour Ali Ziri “ exige toujours que soit faite la lumière sur cette affaire et que les auteurs de cette bavure policière soient traduits devant la justice. Dans un communiqué rendu public, les membres de ce collectif soulignent l’impunité qui règne dans cette affaire. Le 11 juin 2009, il ( Ali Ziri ndlr) décédait à l’hôpital d’Argenteuil, suite à un contrôle de la Police nationale. Cette affaire aurait été classée « mort naturelle » s’il n’y avait pas une grande mobilisation citoyenne autour du collectif du même nom. Il a fallu, en effet, plusieurs semaines pour obtenir une autopsie. Ses conclusions sont accablantes et une instruction est en cours pour « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Malgré ces faits graves, les fonctionnaires soupçonnés d’avoir causé la mort d’Ali Ziri n’ont été ni suspendus ni déplacés. Au contraire, c’est Arezki Kerfali, 62 ans, invalide à 60 %, qui conduisait la voiture, qui comparaîtra le 24 juin prochain au Tribunal correctionnel de Pontoise pour « outrage ». Arezki Kerfali, suite à cette interpellation violente, présente toujours des séquelles. C’est inacceptable ! Amnesty International déplore pour sa part, dans son rapport annuel publié le 27 mai 2010, des cas de mauvais traitements et d’usage excessif de la force par des responsables de l’application des lois “qui dans un cas au moins ont entraîné la mort d’un homme, Ali Ziri, un Algérien de 69 ans”. Dans sa saisine, adoptée le 17 mai 2010, la CNDS (Commission nationale de déontologie de la sécurité) demande « l’engagement de poursuites disciplinaires à l’encontre des fonctionnaires de police qui ont usé de la force de façon disproportionnée et précipitée pour extraire M. Ali Ziri du véhicule de police à son arrivée au commissariat, et contre ceux qui ont laissé deux hommes, âgés respectivement de 60 et 69 ans, menottés dans le dos, allongés au sol, le visage dans leurs vomissures, pendant environ une heure, sans réagir ». Ainsi cet après-midi de 16h00 à 23h00 se déroulera une soirée hommage à la salle Jean-Vilar 09 boulevard Héloise à Argenteuil, avec la projection d’un film débat sur “Ali Ziri, vie et mort d’un chibani.” A l’issue de ce film, sont attendus les interventions de Mouloud Aounit du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), Matthieu Bonduelle, juge d’instruction au tribunal de grande instance de Bobigny et secrétaire général du Syndicat de la magistrature, Erik Blondin (Syndicat Sud-Intérieur Police), Patrick Delouvin (Amnesty International), Jean-Pierre Dubois (LDH, à confirmer), Geneviève Pruvost (CESDIP-CNRS), ainsi qu’un représentant du GIST. A noter que plusieurs artistes comme Akli D, Salim, Houari Aouinet, Aryles, Groupe Tissekkourine, Jil El Ghiwane, Cheb Fayçal, Amirouche Azizi seront au programme de cette soirée hommage.

Hafidh Bessaoudi

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