Trois suicides en vingt-quatre heures ! L’information peut aujourd’hui passer inaperçue au milieu du brouhaha du Mondial sud-africain. Des bourdonnements qui font oublier que des personnes préfèrent se donner la mort pour se libérer du joug que représentent leurs vies. Même si le phénomène ne concerne pas uniquement la wilaya de Tizi Ouzou ou la Kabylie en général, cela donne l’impression, ces derniers jours, d’être une dynamique d’un ensemble plutôt d’un système sociétal engourdi au bord de l’implosion. La situation est d’autant plus inquiétante que le nombre de cas de suicide par pendaison renvoie à une condition sociale intenable, un quotidien insupportable et une misère sociale dont les effets psychologiques sont désastreux sur le mental des citoyens. Le suicide n’est plus un tabou. Il devient un fait presque banal au point de ramener l’enjeu à une logique purement quantitative. Mais pourquoi se suicide-t-on ? Une sérieuse analyse comportementale doit suivre les pas de ces cas désespérés qui font le choix de la mort sur la vie. Les autorités concernées doivent justement se pencher sérieusement sur la question. Se mettre au travail de manière efficace afin d’améliorer d’abord le cadre de vie des citoyens et en suite offrir à la masse juvénile de quoi porter la vie dans leurs cœurs. Il est, dans ce sillage, sidérant de constater que le taux de suicide, le plus important, est enregistré dans les régions montagnardes où la vie se conjugue, souvent, avec misère, où le quotidien se marie avec oisiveté et angoisse. Des jeunes qui se donnent la mort, cela répond à une logique de rejet, de refus de vivre dans un cadre introverti, c’est une dénonciation, publique et assumée, de maux qui rangent notre système et qui ne peuvent être guéris uniquement pas de simples mots. Des jeunes qui se suicident, c’est un cri strident, un SOS en direction de ceux qui sont payés pour permettre aux uns et aux autres de vivre dignement. Un jeune qui se suicide, c’est un échec pour toute une société bâtie sur l’égocentrisme. Les raisons d’une telle montée du phénomène sont multiples, les plus apparentes sont bien évidemment ce vide immense sur tous les plans qui frappent nos régions, infrastructures obsolètes, activités culturelles au compte-goûtes, un chômage harassant, des fléaux sociaux à la pelle… alors entre vendre des clopes dans la rue, jouer aux pic pocket, tenter une haraga ou vivre sa vie dans un de nos villages et mourir à petit feu les citoyens survivent comme ils peuvent à la mal-vie. Chacun de son petit coin, prie pour que ça change. La plus part résiste à la tentation en nourrissant des regrets s’alimentant de l’espoir de voir les choses bouger et avancer vers des horizons radieux. Entretemps, et en attendant un changement qui viendra replacer le bonheur dans l’axe de nos espérances, l’on ne doit pas feindre d’ignorer que certains préfèrent la mort à la vie…
Omar Zeghni