Nos émigrés et les vacances au bled : Le Ramadan et la crise financière sont passés par là…

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Chacun espère passer les vacances parmi les siens avant le début du Ramadan. Nos immigrés espèrent tous, du coup, arracher le fameux sésame qui leur permettra de passer quelques jours au bled. Pour ce faire, certains d’entre eux ont réservé il y a déjà plusieurs semaines. “Il fallait anticiper cette pression. Je savais que cette période allait être difficile. L’expérience des années précédentes m’a appris que pour s’assurer une bonne place durant cette période, il fallait réserver en mai et au plus tard début juin. Sinon, je serais dans l’obligation de courir derrière ces agences pour un billet dans une période qui ne me conviendrait pas», nous dit Mourad, résidant à Marseille et originaire des Ouadhias, rentré il y a tout juste une semaine.

Rencontré hier à Tizi-Ouzou, Mourad s’est d’abord interrogé sur cette nouvelle tendance qui fait du chef-lieu de wilaya, la capitale du Djurdjura, une ville morte chaque vendredi. La prière du vendredi ne doit en effet, pas servir d’alibi pour justifier cette tendance. “C’est aberrant. Une ville comme Tizi-Ouzou qui sera prise d’assaut par nos immigrés, s’arrête de vivre le week-end. J’ai même été surpris par l’attitude de certains commerçants qui refusent carrément de servir leur clientèle au-delà de midi. C’est un paradoxe pour une ville qui s’est toujours ouverte à la culture universelle», s’indigne notre interlocuteur. Ce dernier ajoute à propos des vacances cette année, que la période des congés au pays est vraiment réduite. “C’est une exception cette année. Le mois de carême coïncidera avec août ce qui obligera nos compatriotes à prévoir leurs vacances au mois de juillet car il faut bien assister aux différentes fêtes familiales, tradition oblige.”

Cependant la programmation n’est pas uniquement la seule contrainte qui se dresse en rempart contre la venue de nos compatriotes émigrés au bled. Il faut bien le reconnaître, nombreux sont ceux qui ont préféré cette année, faire l’impasse sur le déplacement pour voir leurs familles. Cela coûte énormément cher.

En effet, la crise financière qui frappe de plein fouet le monde occidental a touché naturellement certains de nos émigrés. Certains ont perdu leurs postes de travail, leurs entreprises ayant mis les clés sous le paillasson. Ce n’est donc pas du tout dans le même contexte “financier” que nos émigrés aborderont la période des congés.

D’ailleurs, on le remarque assez souvent ces derniers mois, la plupart d’entre eux ne se permettent plus les mêmes folies durant la période estivale. Certains d’entre eux préfèrent venir même en hors saison, pour le gain d’argent qu’une telle option génère. C’est donc dans la logique de la “ceinture serré” que nos émigrés rentrent au pays et dans tous les cas, ils seront toujours les bienvenus car l’été à Tizi Ouzou et en Kabylie en général sans eux, n’est pas du tout, le même. L’animation et l’intérêt qu’ils suscitent autour fait d’eux des éléments incontournables durant la saison estivale. Et vous comprendrez que ce n’est pas uniquement pour les euros qu’ils dépensent… les jeunes de nos villages qui se préparent chaque année, à les recevoir à bras ouverts, pensent, au delà de l’argent, plutôt à moyen ou même bien plus, à long terme… fonder un foyer.

Rentré en vacances chaque année au bled, mais pour ça, il faut cravacher…dur.

Omar Zeghni

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