Les vacances scolaires : Partira, partira pas, une question de priorité

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Après une année scolaire très perturbée et marquée par plusieurs débrayages, une année qui peut paraître légère et moins chargée pour ceux qui ne connaissent pas la réalité du terrain. Quant à ceux qui sont en plein dedans, eh bien, ils n’hésitent pas à qualifier l’année scolaire écoulée d’épuisante.

Un PES rencontré à Maâtkas témoignera : “Cette année nous avons été mis sous pression comme jamais auparavant. Le stress et l’appréhension des différentes grèves et les bouchées doubles du 3e trimestre, nous ont presque achevés. En somme, l’année a été longue et difficile.”

C’est dire que les vacances sont accueillis avec joie par l’ensemble de la famille de l’éducation d’autant plus que les meubles sont soi-disant sauvés. N’oublions pas aussi que les enseignants ont arraché des augmentations reconnues acceptables par bon nombre d’enseignants. Leurs primes de rendement sont pratiquement multipliées par quatre, leurs salaires sont augmentés de plus de cinq mille dinars et la première tranche de leur rappel de l’année 2008 a été virée, il y a trois semaines de cela. Comme quoi, il faut le reconnaître, les conditions financières de nos éducateurs se sont nettement améliorées.

Par conséquent, ils peuvent pour une fois partir en vacances afin de recharger leurs batteries sensiblement épuisées par une année tumultueuse et remplie d’embûches. En finale, il n’y a jamais de fumée sans feu. La lutte a fini par payer.

La saison estivale écourtée et certains tiennent à partir

Même si la saison estivale semble cette année, sensiblement écourtée par d’abord, la Coupe du monde de football, qui s’étalera jusqu’au 11 juillet prochain et le mois de Ramadan qui s’invitera dès la mi-août. Ce qui a significativement réduit la saison à un seul mois, mais les enseignants que nous avons apostrophés, à ce sujet, tiennent à prendre au moins une petite semaine au bord de la mer. C’est le cas de le dire pour cet enseignant rencontré aux Ouadhias : “Cette année, je prendrai, même une petite semaine, pour aller en famille à l’ouest du pays. Je consacrerai la prime du 2e trimestre. Avec ma femme, je n’ai jamais pu partir en congé. Cette fois, on cassera la tirelire», révélera-t-il.

Pour Idir, c’est pratiquement la même chose : “Ma famille étant nombreuse, c’est pourquoi je ne pouvais prétendre à de vrai vacances. Maintenant que les enfants ont grandi et que nos conditions se sont améliorées, il n’y a pas de raison de rester à la maison. Un petit voyage en Tunisie nous fera du bien.”

Pour sa part, M. M. Ahmed, un syndicaliste qui n’a pas arrêté de sillonner sa circonscription le long de l’année révélera : “Il est dommage que cette année, les œuvres sociales n’ont rien prévu à l’intérieur du pays. On se contentera de quelques sorties à Tigzirt et Azeffoun.”

D’autres préfèrent rester pour réaliser leurs rêves

Beaucoup d’enseignants préfèrent s’en passer de partir en vacances pour simplement réaliser leurs rêves et terminer leurs projets. Cet enseignant d’une cinquantaine d’années, répondra à notre question en disant : “Je ne partirai nulle part. Cela fait des années que j’économise pour acheter un véhicule. Maintenant que mon rêve est proche, je préfère mettre une croix sur les vacances et acheter cette voiture qui rendra heureuse toute ma famille, il faut encore se sacrifier un peu.”

Son collègue qui écoutait attentivement notre conversation enchaînera : “L’heure n’est pas encore au départ. Chaque chose en son temps. La vie c’est des priorités. Moi, je resterai pour poursuivre la construction de mon logement. C’est bientôt la retraite et j’habite toujours dans un appartement d’astreinte, il faut bien et il vaut mieux avoir son propre logi.”

D’autres enseignants éviteront les dépenses relatives aux vacances pour différentes raisons. Certains ont des filles en âge de se marier donc la priorité va au mariage. D’autres ont des enfants à circonciser, donc inutile de penser à aller en vacances. Enfin, partir en vacances ne concerne pas tout le monde.

Les écoliers resteront cloîtrés dans les ruelles de leur village

Même les enfants de l’éducation n’iront pas en vacances car pour la 2e saison consécutive, les œuvres sociales n’ont pas programmé des départs pour la colonie de vacances. Hormis, les enfants dont les parents sont aisés -qui peuvent prétendre à de réelles vacances- les autres n’auront droit qu’à une ou deux sorties vers la Grande Bleue.

Yacine, un enfant de 14 ans, rencontré à Souk El Tenine, dira : “Mon père possède une voiture. Il pourra sans doute nous emmener chez ma cousine qui habite à Tigzirt. Je pourrai donc construire des châteaux de sable au bord de la mer et brasser son eau salée, pendant au moins une dizaine de jours”. Par contre, son collègue Rafik âgé de 15 ans, qui, en plus, est orphelin est obligé de vendre des cigarettes, des bonbons et des cacahouètes, regrettera : “Les vacances ce n’est pas pour moi. Mon père est décédé dans un accident. Du coup, je suis obligé de travailler pour aider ma mère et mes petites sœurs. L’été c’est la période où je dois travailler.” Il est à signaler que la plupart des petits enfants que nous avons rencontrés à Maâtkas, à Mechtras et aux Ouadhias resteront dans leur localité et ne verront pas la côte algérienne. Pourtant, partir en vacances, donnera l’occasion à ces mômes de se distraire, de changer d’air et de se former.

Hocine Taïb

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