Très critiqué il y a quelques mois, Diego Maradona a désormais acquis le respect des spécialistes argentins. Grâce à une gestion du groupe basée sur une profonde relation avec ses joueurs.
C’est un rituel. A chaque but, le banc s’embrasse. Et Diego s’avance. Il est là les poings fermés et le rictus de la fierté affiché à attendre l’arrivée du buteur. Il dépasse à peine de sa zone technique. Et qu’il s’appelle Gonzalo Higuain ou Carlos Tevez, il court se jeter dans ses bras. Symboliques moments de félicitations entre le sélectionneur, l’icône de tout un peuple, et le joueur. Contre le Mexique dimanche, les deux attaquants argentins cités n’ont pas dérogé à la règle. Quand » Carlitos » a été remplacé il a eu droit à un deuxième calin. Avec des mots doux à l’oreille, pour lui faire passer la déception de sortir. Lionel Messi, lui, n’a pas encore marqué. Mais il est couvé par Diego, encore plus que les autres. Pour Maradona, gérer un groupe dans une grande compétition est une nouveauté. Avec quatre victoires lors des quatre premiers matchs, ce que l’Argentine n’avait réussi qu’une fois (en 1930), son management passionnel est pour le moment une réussite.
» Ma relation avec les gars est excellente, a confié le sélectionneur albiceleste dimanche après la victoire face au Mexique (3-1) en huitièmes de finale. La vérité d’une conférence de presse à l’autre, c’est que rien ne change. Je suis aussi clair : il n’y a ni titulaires, ni remplaçants. Celui qui est plus loin de l’équipe doit être prêt. Regardez ceux qui ne débutent pas. Quand ils entrent, ils font de la meilleure manière possible. Nous ne sommes pas venus en vacances. Nous sommes là pour donner notre peau et rendre les Argentins fiers. » Les commentaires des spécialistes argentins n’étaient pourtant pas tendres avec la légende vivante. Très critiqué pendant la phase de qualifications, il n’y avait plus que les supporters pour croire aux talents naissants de Diego Maradona en tant que coach. Désormais, Diego a acquis le respect. Il ne se fait jamais prier pour demander des excuses à ceux qui l’ont allumé lui et ses joueurs. Protecteur de son groupe, il prend tout sur lui. Se place en rempart. Une technique à la José Mourinho.
Protéger son groupe ne l’empêche pas de savourer les victoires. Même si ses jambes le démangent. » J’aimerais mettre le maillot et entrer sur la pelouse, reconnaît-il. Mais c’est aussi super de faire partie de ce groupe, je me sens très fier. Parce que comme entraîneur, on a d’abord dit que je n’y connaissais rien. Maintenant, avec quatre victoires, ils font de moi un autre. Gagner, c’est toujours bien, que ce soit comme joueur ou comme entraîneur. Mais sur le terrain, vous pouvez courir, vous pouvez dire des choses qu’il est impossible de dire sur le banc. Aujourd’hui (ndlr : dimanche), à Rosetti (l’arbitre d’Argentine-Mexique), je lui aurais bien dit une petite chose. Il s’est trompé dans tout, à commencer par ne pas sortir le premier carton jaune quand ils ont touché Messi. » Messi, Diego est allé le voir à Barcelone. Pour lui confier les clés de l’équipe et son héritage. » Ils ne laissent pas jouer Messi, regrette-t-il quand on lui parle de l’arbitrage. J’ai vécu ça, on est revenu à l’époque de Gentile, il y a 28 ans. C’est un scandale, ils ne regardent même pas le ballon. Je suis davantage inquiet par le fait qu’ils blessent Messi que par le fait qu’il y ait hors-jeu ou pas. » Au Cap samedi, l’Argentine retrouvera l’Allemagne et Diego Maradona surveillera les tacles sur son protégé dans ce remake de la finale 1986. Il sera aussi excité qu’à l’époque…
