Encyclopédie de la poésie algérienne de langue française / Une œuvre de référence

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Le poète Hadj Tahar vient d’éditer une œuvre d’une indéniable importance, publiée aux éditions Dalimen, avec le concours du Ministère de la Culture.

L’auteur de ce travail très bien élaboré est Ali El Hadj Tahar, né le 18 mars 1954 à Merad, dans la région de Tipaza. Il est aussi peintre et journaliste. Encyclopédie de la poésie algérienne de langue française, 1930-2008, 157 poètes, est un ouvrage en deux tomes respectivement de 462 pages et 494 pages. Chaque poète est présent dans une courte biographie, une bibliographie sommaire et une analyse de son œuvre, puis suivent les poèmes dont le nombre varie selon l’importance de l’auteur et la disponibilité des textes.

L’universitaire a essayé de représenter chaque auteur par des poèmes ou des extraits tirés d’un ou plusieurs recueils, le cas échéant. Le recueil le plus ancien de la poésie nationale en langue française est Cendres de Jean Amrouche, publié en 1934, qui annonce la naissance de cette expression fondamentale de notre culture et notre personnalité.

El Hadj Tahar a étudié donc la poésie algérienne dans un texte de 112 pages suivi de la liste des poèmes et de la biographie et bibliographie des auteurs, classés par ordre chronologique. Sans omettre de parler des évènements qui ont inspiré les poètes, de la période coloniale jusqu’aux années 2000, ainsi que des passages sur le combat féminin et les quêtes démocratiques.

L’intérêt de cet ouvrage est non seulement dans le nombre des poètes présentés qui est de loin supérieur à celui de toutes les anthologies précédentes, lesquelles se limitent à une dizaine, parfois une cinquantaine d’auteurs, mais aussi dans la découverte de grands poètes ignorés auxquels la presse n’a jamais consacré un article ! On peut citer, entre autres, Abdellatif Benchehida, Hamid Amir, Lazhar Baaziz, Beddiari Salah El Khalfa, Fatiha Senouci, Sélim Baghli, Farès Babouri, Abane Madi, Youce, Ahmed Chihani, Abdellah Bensmaïn… «Ma fierté est aussi d’avoir exhumé des textes de Lacheraf, Mouloud Mammeri, Mourad Bourboune, Mustapha Toumi ou Mohamed Aoune qui n’ont malheureusement pas beaucoup écrit de poésie. Je suis également content d’avoir découvert des peintres poètes comme Larbi Arezki et Moncef Guita, mais aussi de rappeler les noms de Djamel Kharchi, Djamel Moknachi, Ahmed Azzegagh, Boualem Khalfa, Nordine Tidafi, Mohamed Sehaba etc. La poésie algérienne est une expression vivante, évolutive : «nous n’avons donc pas le droit de la limiter aux seuls noms de Yacine, Dib, Sénac, Amrani, Malek Haddad, Henri Kréa ou Boulanouar Messaour», estime l’auteur. En somme, Encyclopédie de la poésie algérienne de langue française, est un véritable ouvrage de référence qui sera très utile pour les chercheurs, les universitaires et bien sûr le grand public. Au moment où la poésie ne semble pas attirer beaucoup de lecteurs (contrairement aux autres genres littéraires, les recueils de poésie ne sont imprimés qu’à 500 exemplaires en moyenne), s’intéresser à tout ce qui est poétique est plus qu’une louable initiative. La poésie est l’âme de l’écriture. Si les autres textes de prose sont, souvent, un chantier ouvert. La poésie garde la saveur de sa première naissance car elle ne vient qu’au paroxysme d’une émotion. C’est peut-être ce qui fait sa force et sa magie.

Ali Remzi

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