Regard : Redoutablement Pacifique…

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Pacifique, le mot revenait hier en boucle à l’occasion d’une marche initiée par la population des Ath Djennad pour exiger la libération d’un des leurs, enlevé il y a plus d’une semaine prés de Fréha. C’est que les citoyens sont plus que jamais conscients des jeux et surtout des enjeux qui entourent une telle manifestation de rue. Verser dans un radicalisme démesuré entraînera cet élan de solidarité vers les horizons des manipulations, les plus folles. C’est dire qu’en parallèle à cette colère, constatée hier, sur tous les visages, le sang-froid semble l’emporter sur la précipitation. Toutefois, cette « énième » grande mobilisation est un signal fort en direction de toutes les forces de l’obscurantisme qui veulent mettre à genoux une région rebelle. La Kabylie, ne peut pas baisser les bras, Elle est ainsi faite. Ils sont venus, hier, des quatre contrées de la wilaya de Tizi-Ouzou. L’appel diffusé partout en Kabylie a eu l’effet escompté. Aprés Tigzirt dont les villageois d’Issenadjen, ont refusé d’abdiquer devant les hordes du kidnapping, Boghni qui a vu une population arraché des mains de ses ravisseurs un octogénaire d’Assi Youssef pour enfin arriver à l’arch N’Ath Djennad avec le même esprit d’entraide, un courage indéniablement légendaire et une fabuleuse solidarité. Si la montée au créneau des villageois de Kabylie est synonyme de lutte implacable contre un nouvel ordre que tentent apparemment d’instaurer des réseaux maffieux bien structurés qui se nourrissent de rapts et de rançons, un tel mouvement doit justement servir de sonnette d’alarme, un cri de détresse et un appel à la prise en charge urgente de la situation sécuritaire dans la région qui doit être décryptée en tant que telle. Car, quand bien même cette mobilisation pourra servir à prendre l’ascendant sur les groupes terroristes, il est tout à fait clair que la population ne pourrait jamais se substituer aux services de sécurité. S’éloigner de cette tendance réactionnaire, et traiter le problème à l’origine, dans le fond et de manière efficace se pose comme une nécessité ou bien plus, une urgence. Le phénomène du kidnapping, prenant des proportions au niveau national jusqu’à se voir traité dans le simple fait divers, n’est guère vécu en fatalité en Kabylie ; bien au contraire. La mobilisation citoyenne en est justement une preuve avérée. pour venir justement à bout d’un phénomène dévastateur, qui déjà a renfloué les « poches » des réseaux maffieux de plusieurs centaines de millions de dinars de rançons, certains plaident pour le renforcement agissant du travail de renseignement, seul à même de déjouer les tentatives d’enlèvement. La grandiose mobilisation de la Kabylie, hier, à Fréha sonne également comme une dénonciation, sans équivoque, de toute forme de banalisation du crime qui s’installe doucement mais sûrement. Ceux qui ont marché hier, contre le kidnapping et pour la libération du jeune Lounès, ont renvoyé également un message à tous ces politicards qui ont abandonné la région. Alors que la population s’estime abandonnée à son propre sort, elle sera sollicitée dans moins de deux ans pour le renouvellement des « mandats ». Certains “aux poches bien remplis” par des indemnités conséquentes, ne sentiront jamais, bien au contraire. Ils viendront, toute honte bue, exprimer tous leurs  » amours  » à la région. Alors qu’elle assume désormais toute seule le combat sur plusieurs fronts, la population de Kabylie, loin de vouloir jouer à l’exception, affronte ces contraintes dans l’union. Les citoyens qui ont volé au secours de l’octogénaire de Boghni puis au jeune de Fréha, refusent de sombrer dans l’oubli et l’amnésie ou encore dans un égocentrisme et un utilitarisme ravageant, ils persistent à afficher, fièrement, leur appartenance à une région martyre, solidaire, courageuse. À chaque époque, la Kabylie a été mise à rude épreuve, l’actuelle en est une… La Kabylie a pu dépasser toutes les crises. Qu’en sera-t-il de l’actuelle ? La réponse se trouve, non pas sur les travées, mais au cœur d’une histoire qui parlera un jour, qui rendra des comptes, qui évoquera tous les sacrifices d’une région qui refuse de mourir, d’une Kabylie belle et prospère.

Omar Zeghni

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