Le mariage, cette institution sociale

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De part et d’autre car selon la conception des liens sacrés du mariage, une infime partie de soi-même et de son compagnon doivent avant de s’unir pour le meilleur et pour le pire, accepter et reconnaître les espaces de liberté propre à chacun.Cette union qui fait peur et qui fait rêver avant l’heure demeure toutefois conditionnée par la bonne volonté des deux parties appelées à se compléter.En Kabylie, le mariage s’impose avant tout comme condition sine qua non pour adhérer pleinement à une société gardienne des traditions ancestrales mais aussi et surtout protectrice du temple de l’ordre établi. Au fil du temps, la célébration des mariages kabyles a connu de multiples transitions. En effet, il est bien loin le temps où la mariée était accompagnée au domicile de son époux sur une mule ou sur un cheval pour les plus nantis au son des youyous de femmes. Ce temps est bel et bien révolu fort heureusement, car il est difficile d’imaginer à notre époque que deux êtres puissent s’unir sans se connaître, ni s’apprécier.Ils sont encore nombreux aujourd’hui les sexagénaires à se souvenir de ces mariages d’antan ou deux inconnus se rencontrent pour la première fois lors de leur nuit de noces, ne savaient pas comment entamer la conversation.De ce fait, comment envisager une union de cette manière ? Pourtant c’est possible.A voir l’exemple de nos parents et nos grands-parents, on peut penser qu’ils ont réussi leur mariage à leur façon bien évidemment car il est inconcevable qu’un union de ce genre puisse réussir en 2005.“Une femme pour mon fils”Il est vrai que de plus en plus de parents subviennent financièrement et volontairement pour aider leurs progénitures à fonder un foyer. Cet état de fait intervient essentiellement lorsque les jeunes adultes sont en âge de se marier, mais qu’ils hésitent à cause notamment des frais pharaoniques qu’engendre un tel événement. Soit dit au passage, les parents assurent toujours aux jeunes futurs époux qu’ils ne manqueront de rien, mais quelques mois après leur union les nouveaux mariés se retrouvent souvent seuls face aux rudes conjonctures économiques.En effet, même si un jeune chômeur refuse de se marier à cause justement de sa situation financière peu reluisante, il se fera toujours forcer la main par ses parents qui lui garantiront monts et merveilles. Ces merveilles qu’on lui fera miroiter s’avèrent fréquemment des chimères, puisqu’au bout de quelques temps et parfois même avant la fin de leur lune de miel, les nuages assombrissent l’horizon nuptial des jeunes tourtereaux. Une simple remarque mal formulée de la part de la jeune mariée ou de la belle-mère et l’orage éclate. Un orage qui ne manquera pas d’attirer les foudres des parents qui se sentiront reniés par les héritiers et de ce fait leur couperont les cordons de la bourse, et là l’aventure ne fait que commencer.Plusieurs couples se sont ainsi fait prier de quitter le domicile parental à cause d’un simple malentendu. Privé de gîte et de couvert, l’époux se réfugie un certain temps chez sa belle famille qui l’accueillera volontiers “temporairement”, le temps de trouver un travail et un logement, autant dire pour certains d’entre eux qu’il est plus facile de gagner à la loterie.

“Pour vivre heureux, vivons loin d’eux”De ce fait, de plus en plus de jeunes gens aspirent à vivre leur union pleinement, loin des contraintes et des obligations parentales. Cette émancipation est due notamment au fait de l’évolution de la société où les deux conjoints sont appelés à travailler pour subvenir à leurs besoins. Loin des regards inquisiteurs du village et de l’environnement parental, le couple s’installe de préférence dans une ville où les opportunités pour trouver du travail ne manqueront pas, mais aussi et surtout pour pérenniser leur union en préservant leur relation conjugale. Même si les mentalités ont sensiblement changé ces dernières années, les mœurs et coutumes demeurent fortement ancrées dans les esprits.Le cas de Mourad reflète assez bien la réalité. Propriétaire d’une boîte de communication à Sétif avant son mariage, il a dû tout plaquer pour aller vivre avec sa dulcinée à Alger. Bien que Mourad, travaillant dans la capitale des Hauts-Plateaux, se rendait chaque semaine au bled pour voir ses parents, ces derniers inquiets de voir leur fils loin des siens décidèrent de lui faire prendre un épouse. Une épouse qu’ils choisirent eux-mêmes pour ainsi dire “domestiquer” leur progéniture. Mais c’était sans compter sur les ambitions de la future mariée, diplômée des Beaux-Arts, qui décida rapidement de “mettre les voiles” en compagnie de son époux.Au bout de quelques semaines, les deux jeunes gens s’installèrent à El Harrach Mourad travaille dans un cybercafé tandis que sa femme est à la recherche d’un hypothèque emploi. La location d’un appartement leur coûte la bagatelle de 18 000 DA par mois. Les parents reçoivent tout de même une à deux visites par an du jeune couple, essentiellement à l’occasion des fêtes de l’Aïd.

Les salles des fêtesDepuis quelques temps, on assiste à des mariages célébrés dans des salles des fêtes des grandes villes, loin du domicile familial, et surtout loin des traditions séculaires qui marquent un tel événement. Une manière comme une autre de rompre les liens et “faire son nid ailleurs”. Si de plus en plus de personnes choisissent de célébrer leurs mariages dans des salles de fête, c’est essentiellement à cause des prix relativement abordables pratiqués pour des prestations de services plutôt satisfaisantes. Petits fours, limonades, et autres rafraîchissements étant comptabilisés dans les tarifs de la location, le futur époux à qui incombe la tâche de recevoir et de restaurer ses invités et ceux de sa promise évite ainsi de nombreux désagréments susceptibles de lui gâcher la cérémonie. Il faut dire également que les parents et les proches sont ainsi épargnés par les obligations inhérentes à la restauration et à la cuisine pour les nombreux convives. Pour d’autres personnes qui n’ont pas les moyens techniques de recevoir les invités chez eux, notamment ceux qui habitent des appartements exigus, la salle des fêtes s’avère être un grand soulagement.Cependant, au vu du regard de la société, ce sont là des pratiques qui ne s’expliquent pas et ils sont nombreux encore aujourd’hui à dire que l’ambiance y est moins conviviable et moins chaleureuse qu’au domicile familial.

Hafidh B.

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