La Kabylie est riche de sa culture et de ses savoir-faire véritablement ancrés dans le territoire (bijouterie, poterie, tissage…). Le pays amorce sa réouverture, la sécurité revient peu à peu et les touristes seront bientôt de retour en nombre. La valorisation des patrimoines culturel, naturel et artisanal de la Kabylie est alors primordiale.
L’étude intitulée « Les bijoutiers d’Ath-Yenni. La construction d’une attractivité territoriale sur les savoir-faire artisanaux ancestraux » publiée aux Éditions Achab et réalisée avec Myriam Donsimoni et Mohammed Kemmar souligne cette nécessité dont le monde associatif et plus récemment les pouvoirs publics ont bien compris l’intérêt (fonds de promotion, exonérations fiscales…). Les questions ici soulevées sont essentiellement : Comment valoriser ce patrimoine ? Comment structurer les acteurs du territoire ? Comment remettre l’artisan, son savoir-faire et sa créativité au cœur d’un processus de développement systémique ?
Le territoire choisi, point de départ de cette recherche, est celui des Ath-Yenni car il est chargé d’histoire, riche de ses paysages et des savoir-faire ancestraux des bijoutiers qui en firent la renommée et la fortune. D’autre part, l’objet bijou en lui-même est très intéressant puisqu’il a un fort contenu symbolique, il est une réserve de valeur et il se transmet de génération en génération.
Pour réaliser ce travail, nous avons à la fois mobilisé les outils théoriques traditionnels du développement territorial et du capital social, car les facteurs sociaux (échanges informels, structures des réseaux sociaux, pratiques solidaires, etc.) influent sur le développement territorial, et effectué un travail de terrain en allant à la rencontre des artisans ou des acteurs du territoire.
Certains artisans bijoutiers ont même eu la gentillesse de répondre à un questionnaire, ce qui n’est pas forcément naturel dans les sociétés à forte tradition orale et nous les en remercions.
Si nous sommes tout à fait conscients que la taille de l’échantillon d’artisans sur lequel nous avons travaillé est modeste, il n’en reste pas moins que leurs réponses nous apportent des indications précieuses sur les problèmes qu’ils rencontrent : approvisionnement en matières premières, écoulement de la marchandise… Mais faire un constat n’étant pas suffisant nous les avons également interrogés sur les solutions envisageables pour les aider. Nos conclusions tiennent compte de l’ensemble des idées, remarques… qui nous ont été faites et nous espérons ne pas les avoir trahies.
Les propositions d’action qui concluent cette étude, en particulier la «route du bijou» ou la « route des savoir-faire » dont nous ébauchons un tracé sont bien évidemment à considérer comme des pistes possibles pouvant donner matière à discussion aux acteurs du territoire… l’universitaire n’étant là que pour analyser de la manière la plus objective possible.
Ce qui est certain, c’est que la Kabylie, région d’ailleurs dans laquelle je me rends régulièrement, dispose d’atouts considérables qui sont valorisables, dont l’hospitalité extraordinaire de ses habitants.
Enfin, j’en profite pour passer un petit appel aux artisans potiers de la Wilaya de Tizi-Ouzou car je réalise actuellement un travail sur la poterie. Tous les artisans potiers qui le souhaitent peuvent me contacter :
Par Cécile Perret (Maître de conférences, IREGE, Université de Savoie)