Quoique l’on dise cette année, les émigrés n’ont pas été nombreux à venir passer leurs vacances en Algérie. Et pour cause, le mois de Ramadhan coïncidant avec l’été n’a pas encouragé ces derniers à venir comme ça a été toujours le cas. Mêmes, en nombre infiniment très réduits, on les rencontre tout de même à Tizi Ouzou ou à Bejaia, très en vue par leur accoutrement.
Dans les rues de la capitale du Djurdjura, pour ne citer que cette région, il est loisible de les rencontrer dans les magasins à faire des courses ou tout simplement pour échapper à la morosité du village qui ne connaît d’animation que le soir venu. Contrairement aux années précédentes, où l’émigré venu passer quelques semaines de vacances au bled, est à l’affût des objets d’artisanat, cette fois ci c’est carrément le rush sur les produits, tels les CD ou même les habits, pour le motif qu’en France, on les trouve à un prix dix fois moins cher que ceux d’ici. Avec un euro de plus en plus fort, face à un dinar de plus en plus faible, les émigrés ont acquis désormais, cette habitude de tout acheter sans être regardants sur les prix. Il dépensent sans compter ou plutôt en comptant en euros.
C’est ainsi que la viande dont le prix est ramené en euros est finalement achetée à un prix dérisoire non plus au kilo mais plutôt à la pièce devant l’acheteur local réduit au statut de spectateur. Les émigrés ont aussi participé d’une manière ou d’une autre, à une hausse des prix des légumes et fruits. En effet, aux cotés des fêtes qui cette année, coïncident avec le mois de Ramadhan, se sont succédés tous les jours de la semaine, la demande en fruits et légumes est passée tout simplement du simple au double en comptant avec la demande des émigrés assez importante. L’acheteur local n’aura que ses yeux pour pleurer avec le mois sacré qui pointe son nez.
Les émigrés ont constaté que finalement les prix pratiqués sur le marché local sont largement plus intéressants que ceux de là-bas. Car acheter un produit à 100 DA équivaut à avoir le même produit à un euro en Europe. Articles ménagers, éléctro ménagers, vêtements et autres textiles se vendent comme des petits pains. Les émigrés achètent et achètent encore et encore selon les commerçants dont c’est une véritable aubaine. Ces derniers précisent que les émigrés ne marchandent pas. Contrairement aux nationaux qui doivent faire toute une gymnastique pour s’offrir une livre de viande ou quelques fruits de saison. C’est tout simplement une situation invraisemblable. Les émigrés achètent tout sur leur chemin.
Les cadeaux prennent désormais le chemin inverse, en ce sens ces derniers ne ratent pas l’occasion de s’approvisionner en produits pas chers pour en faire des dons ou des cadeaux à leurs amis restés en France.
Les Aoûtiens, un vieux concept
Généralement et ce, depuis longtemps, des franges d’émigrés se partagent les périodes d’arrivée en Algérie : Il y avait ceux qui venaient en juillet et ceux qui préféraient le mois d’Août. Non pas en raison d’un quelconque préférence mais, parait-il pour des motifs purement personnels. Les Aoûtiens ont cette particularité d’apprécier cette période de l’été pour ne point rater les figues qui arrivent à maturité. “Qui ne goûte pas aux figues alors qu’il est Bled, est à blâmer», répète-t-on.
Mais cette année, avec le mois de Ramadan qui chevauche entre les mois d’août Et septembre, il n’est pas évident que ce concept soit de mise.
Les émigrés ont cette fois opté pour une autre destination, la Tunisie, l’Espagne ou tout simplement une ville du Midi pour passer une ou deux semaines de vacances bien méritées.
Et ce sera également le cas l’année prochaine, car le mois de Ramadan y sera toujours là.
Ferhat Zafane
