Smaïl Metmati, de la tribue berbère des Matmas de Tazmalt dans la wilaya de Bgayet que nous avons découvert dans son atelier d’exposition au CEM Ounar lors du festival de la poterie de Maâtkas nous a longuement parlé de son œuvre artistique. Cet homme diplômé de l’école des Beaux-Arts d’Alger en calligraphie arabe, en décoration sur bois et en miniature s’est trouvé une autre voie : la calligraphie en Tifinagh, une première dans le monde de la calligraphie. L’artiste peintre s’attela d’abord à apprendre l’écriture Tifinagh et commença tout seul et avec de simples outils composés essentiellement de plumes de roseau, de pinceaux et de peinture. Dessiner, redessiner effacer puis reprendre la besogne, jusqu’à l’obtention de la forme la plus belle, la plus sublime et la plus parfaite, la tâche était difficile d’autant plus que l’appui et les sources ne sont pas disponibles.
Metmati a pu réussir et ses œuvres en sont une parfaite démonstration. Ces tableaux exposés à Maâtkas ont volé en vedette à la poterie. Son atelier ne désemplit pas, les jeunes, les moins jeunes et les plus âgés n’en reviennent pas et se sont montrés intéressés par la calligraphie que la plupart viennent juste de découvrir.
Le caractère du Tifinagh est transformé par les doigts fins de Metmati en motif décoratif qui n’a rien à envier aux autres caractères ; bien au contraire, la calligraphie bèrbère aura sûrement une place au soleil si les moyens et les mécanismes nécessaires sont mis à la disposition des artistes.
Monsieur Metmati est bien connu dans le monde de l’art puisqu’il a participé à différentes expositions à l’intérieur et à l’extérieur du Pays. En France et en Belgique, il a même été sollicité pour enseigner la calligraphie bérbère dans les écoles et les lycées. Une preuve que la dimension esthétique qu’il a donnée au Tifinagh est bien reconnue et appréciée. Ses nombreux tableaux peints avec de la calligraphie de tamazight illustrant la lettre, le verbe, des vers et des poèmes pour ceux qui savent lire le Tifinagh en sont un véritable régal pour les yeux et un moyen sur de s’imprégner et de connaître la langue et les messages du poète et de l’artiste. M. Metmati, cet artiste hors pair n’a pas pu s’empêcher de nous indiquer : « Par ce travail artistique, j’apporte ma contribution au développement de la langue et de la culture amazighes. J’aimerais aussi pouvoir un jour, enseigner cet art aux jeunes. Prochainement, nous avons l’intention de mettre sur tableau la poésie de Oullahlou. Ce sera à coup sûr une vraie merveille. Je ne raterai pas l’occasion de remercier la direction de la culture de Tizi-Ouzou et de montrer toute ma gratitude à l’égard de son directeur M. Ould Ali El Hadi pour sa disponibilité ».
C. Hocine
