Depuis son ouverture la saison estivale est devenue insupportable dans la wilaya de Béjaïa. Les manifestations de colère se multiplient au fil des jours, donnant l’image d’une région en pleine rébellion contre les pouvoirs publics. Info diffusée presque en boucle par la Radio locale et/ou rapportée quotidiennement par la presse locale : “(…) hier, des centaines de citoyens ont procédé à la fermeture de la RN (…) pour protester contre (…)”.
Le lendemain, la même situation est signalée dans une autre commune. Des actions de protestations laissant penser que rien ne se fait dans la wilaya de Béjaïa pour améliorer les conditions de vie des populations. Des torrents de récriminations mettant souvent à nu une gestion presque aléatoire de tous les secteurs. Ainsi, le secteur le plus critiqué depuis le début de l’été est sans conteste, celui de l’hydraulique. Pratiquement toutes les actions de rue initiées dans telle commune ou autre durant cette période avaient pour origine la pénurie de l’eau potable et une anarchie avérée dans sa distribution. Des robinets de milliers de foyers de plusieurs quartiers de la commune de Béjaïa restent à sec parfois des mois durant ! A Béjaïa-ville, pour ne citer que cette commune, au moins trois actions de protestation ont été enregistrés ces derniers jours. Des citoyens, ne croyant plus aux discours lénifiants des responsables locaux, occupent la voie publique en signe de protestation pour se faire entendre. Des actions de rue créant un climat d’anarchie indescriptible sur les routes et ruelles de la cité oubliée. Ainsi, des bouchons se forment au niveau de tous les carrefours du chef-lieu, voire même sur les chemins de wilaya et les routes nationales. Conséquences ? Des familles sous une chaleur torride prennent leur mal en patience pendant de longues heures sous les capots de leurs carrosses dans l’insouciance générale. Voulant aller profiter des plaisirs de la mer, elles se retrouvent nez à nez avec des manifestants intransigeants, interdisant le passage même aux voitures transportant des personnes nécessitant une urgente prise en charge médicale. Dans ce qui s’apparente à un tumulte, l’intervention des pouvoirs publics, aidés dans leur tâche par les services de sécurité se limite à gérer des situations d’urgence en jouant notamment la carte de l’apaisement. La levée des barrages est souvent conditionnée par l’établissement d’un procès-verbal où seront consignées noir sur blanc les revendications des protestataires et les engagements des pouvoirs publics. C’est dire que les administrés ne croient plus aux discours des administrateurs, car le fossé qui les sépare, ne cesse de s’élargir instaurant par là même un climat de défiance entre les deux parties.
La qualité des eaux de Tichy-Haf contestée
Pour preuve, des citoyens doutent de la qualité des eaux du barrage de Tichy-Haf malgré les assurances données par tous les responsables locaux. Pour ces citoyens, cette eau serait impropre à la consommation. Une eau dont, arguent-ils, le goût et l’odeur restent “étranges”. Et pourtant même le ministre des Ressources en eau avait déclaré lors de sa visite à Béjaïa que “l’eau du barrage de Tichihaf est d’excellente qualité”. Mais qui peut convaincre le population d’Ighil Ouazzoug et Iheddaden ? Outre la problématique et lancinante pénurie d’eau potable, les habitants des quatre coins de la wilaya, endurent d’autres calvaires liés à la dégradation du réseau routier, à des chutes de tension, à l’insalubrité et autres problèmes. Autant de problèmes exposés dans la plupart des cas par des citoyens d’une manière violente en bloquant notamment des axes routiers à la circulation automobile.
D. S.
