Bouira : La bourse sur deux fronts

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Pour ce Ramadhan, comme d’ailleurs pour les trois précédents, la bourse du Bouiri est appelée à résister sur deux fronts : Les exigences alimentaires qui malmènent sa bourse, un mois durant, et celles que suppose la rentrée scolaire qui prendra le relais du mois sacré. S’agissant du premier front, il faut reconnaître que, jusque-là le marché des fruits et légumes, les légumes surtout, connaisent une baisse ces jours-ci. La tomate, la carotte, la pomme de terre, et l’oignon, pour ne citer que ces légumes rois, sont cédés à plus ou moins de 20 dinars le kilo. Et si d’aventure, vous osez une virée du côté des champs de El Esnam ou ceux de Aïn Bessem, vous pouvez avoir autant de tubercules que vous voulez pour moins de 15 dinars de kilo. Croisons les doigts, et même les bras, pour que cette clémence dure. Mais il ne faut pas trop rêver. L’expérience nous a appris que 48 heures avant que la visibilité du hillal ne soit confirmée par des obsevateurs officiels, les étals de nos marchés flambent. Du coup, l’insignifiant tubercule prendra les allures d’un fruit exotique. conséquence : garnir la maïda de Ramadhan relève du miracle. Et là “garnir est un gentil euphémisme qui en fait, désigne ce bol de chorba ‘frictionné” avec quelques grammes de viande et une tonne de jumbo. Le bol de chorba sera précédé d’un plat de résistance, négocié essentiellement avec la pomme de terre cuite et présentée sous toutes les moutures. Il faut rappeler que la ménagère exercera tout son art culinaire sur ce tubercule, si toutefois, il (le tubercule) n’est pas revu à la hausse d’ici la veille du mois sacré. Quant à la viande, il ne faut même pas y songer. Le bovin importé des Indes ne changera rien, du fait qu’à même à 400 dinars le kilo, la viande indienne reste hors de portée du smicard. Et puis, le bovin n’est pas vraiment la tasse de thé de la ménagère qui ne jure que par un bol de “fric” (pas l’argent) mariné dans de belles tranches d’agneau tendre. Mais, qu’elles que soient les difficultés auxquelles seraient (le conditionnel se veut une note d’espoir) confrontés la bourse du chef de famille et les méninges de la ménagère, Ramadhan et ses nuits passeront. Pas de bol pour la bourse : s’en suivra, tout de suite après, le deuxième front, la rentrée scolaire. Là la bourse, ou ce qu’il en reste, y trépasse franchement. Pas moyen de tricher comme avec la maïda de Ramadhan. Le cartable est sacré pour le père de famille. Quel que soit le prix à payer, il arrivera bon gré malgré à assurer la meilleure rentrée scolaire possible à sa progéniture. Et l’été les vacances dans tout ça ? Pas pour cette année. Ramadhan s’y est incrusté en plein milieu.

Salas O.

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