Une dizaine de jours nous sépare du mois sacré de Ramahdan et déjà les commerçants commencent à spéculer sur les prix comme il est maintenant de coutume dans pratiquement tout les pays musulmans du monde. “En tant qu’agriculteur, je cède ma tomate à dix dinars le kilogramme au mandataire ; ce n’est pas de ma faute si ce produit est vendu, quatre voire cinq fois ce prix, au détail”. Cette phrase est de Saddek, un agriculteur de la commune de Boukhelifa, qui se dit révolté que les différents intermédiaires prennent une telle marge pour le simple fait de revendre le produit alors que lui, a sué pendant longtemps, pour ne gagner que le strict minimum. C’est ce qui arrive, en cette approche du mois de Ramadhan, aux fruits et légumes dont les prix semblent prendre une ascension des plus fulgurantes. Bien entendu ce mois de piété et de pardon est aussi et avant tout un mois très gastronomique pour tous les musulmans. C’est l’occasion propice pour les adeptes du gain facile de faire abstraction de ces “slogans” de piété et de pardon pour essayer de réaliser le plus gros bénéfice possible en cette période de surconsommation. C’est ainsi que la flambée des prix de certains produits et particulièrement des fruits, légumes et viandes a repris de plus belle. Ainsi, après une chute des prix des légumes à quelques jours de l’ouverture de la saison estivale, voilà qu’ils reprennent leur envol à l’approche de ce sacré Ramadhan. Quoi qu’il en soit, en positivant un tant soit peu, on relèvera que comparativement à l’année dernière, à la même période, les prix ont sensiblement diminué quand on sait que la pomme de terre, aliment de base par excellence, avait frôlé à l’époque, la barre de la centaine de dinars le kilogrammes alors qu’aujourd’hui, elle est cédée à trente dinars le kilo. Même s’il y a eu une nette diminution par rapport à l’an dernier, cela ne justifie en rien cet envol des prix. La population doit-elle considérer comme une tradition, cette augmentation des prix à chaque occasion ? Les couches moyennes souffrent énormément tellement il y a une multitude d’occasions comme celles-là. A en juger ! Après avoir déboursé une coquette somme pour offrir des vacances à leur progéniture, les pères de famille doivent faire de même durant le mois de carême sans oublier que l’Aïd El Fitr, fête religieuse clôturant ce mois sacré est aussi une autre occasion de dépenses. Une semaine plus tard, c’est au tour de la rentrée scolaire de faire des siennes et un bimestre après c’est au tour de la grande fête religieuse de l’Aïd El Adha de s’accaparer des restes de la thésaurisation annuelle des ménages. Cette suite d’évènements onéreux ne fait qu’appauvrir les Algériens, et les pouvoirs publics le constatent sans tenter d’y remédier. Il doit bien y avoir une solution.
Certes, l’administration chargée de l’action sociale confectionnera des couffins de denrées alimentaires durant le mois de Ramadhan qu’elle distribuera aux familles recensées comme étant nécessiteuses mais pour l’Aïd El Adha et la rentrée scolaire, fera-t-elle de même en offrant des moutons et des trousseaux scolaires ? Bien sûr que non. La population continuera à souffrir le martyre éternellement ?
Probablement car ainsi va la vie chez nous, Toutes les périodes sont sujettes à des dépenses astronomiques pour un événement ou un autres alors que les salaires sont toujours au plus bas de l’échelle. Doit-on continuer à se lamenter sur notre triste sort et se rappeler la fameuse question de feu Boudiaf : “Où va l’Algérie ?”
A. Gana