Portrait Mohamed Dib : L’un des plus grands écrivains algériens

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Les médias de notre pays parlent si peu de Mohamed Dib et bien d’autres écrivains et intellectuels algériens. Quelques lignes et de vieilles images, lors d’un anniversaire, puis, c’est l’oubli…

La nuit a enveloppé l’activité culturelle de notre pays et la vie devient de plus en plus difficile. On fait tout un tapage médiatique pour un pseudo-homme politique, ou encore un simple footballeur, tandis qu’un homme de Culture aussi valeureux que Mohamed Dib est oublié. Ce Monument de la littérature mondiale, Mohamed Dib, est de loin l’auteur algérien le plus prolifique. Loin de sa terre natale durant de longues années, il est devenu un mythe. Un petit parcours de son oeuvre nous laisse, tout simplement, rêveurs : Celui qui disait :”L’homme, cet idiot, continuera à souffrir tandis que les oiseaux chanteront», naquit le 27 juillet 1920 à Khmis, une petite bourgade au sud ouest de Tlemcen. Orphelin de père à onze ans, il devient instituteur en 1940 à Zoudi Beqhal, après des études au collège de Slane, à Tlemcen et au lycée d’Oujda. En 1941, il est comptable dans les bureaux des armées alliées à Oujda. En 1945, il travaille dans la corporation des tisserands. En 1951, il se marie, dans “Un été africain», un des personnages dit :”… prendre un emploi ? Fonder un foyer, avoir des enfants. Pas pour moi, je n’en veux pas. Pourquoi laisser venir au monde d’autres êtres qui n’auront que faire de la vie ?», Au cours de la même période, il est journaliste à Alger-Républicain. En 1952, paraît son premier roman “La grande maison” ; c’est le début de la trilogie Algérie ;”l’incendie” suivra en 1954 ;”le métier à tisser” en 1957. La trilogie est structurée autour du jeune héros, Omar, c’est une littérature réaliste ou l’exploitation coloniale est dénoncée sous toutes ses formes avec un souffle poétique remarquable. En 1959, avant son installation en France, après des démêlés avec les autorités coloniales, il publie “Un été africain», le contexte du roman est la guerre de libération, les femmes deviennent plus présentes dans le récit comme dans toute son œuvre future. Quand parait “Qui se souvient de la mer” en 1962, une rupture est marquée dans le style de l’écrivain. Le ton réaliste est un peu laissé de côté pour un travail plus artistique, plus moderne. D’autres créations suivront peu après dans le même cheminement : “Cours sur la rive sauvage” (1964) ; “La danse du roi” (1968) ;”Dieu en barbarie” (1968) ; “Le maître de classe” (1973) ; “Habel” (1977). En 1985, Mohamed Dib commence un “cycle nordique” avec “Les tere? Pourquoi ? Pour qui ?“, c’est l’histoire d’Eid qui a tout oublié même son nom, même son exil où il vit sans mémoire. L’écrivain, approfondit le voyage au fond de lui-même, les lieux et les personnages deviennent de plus en plus tentaculaires. Le “cycle finlandais” (l’auteur séjourne épisodiquement en Finlande) se poursuit avec “Le sommeil d’Eve” (1989) et “Neige de marbre” 1990. Outre, plus d’une dizaine de romans, Mohamed Dib a écrit des recueils de poésie (“Ambre gardienne», “Formulaires», “Omnéros” “Feu beau feu», “O vive”) ; des contes (« Baba fekran », “L’histoire du chat qui boude”) ; des nouvelles (“Au café», “Le talisman”) : du théâtre “Mille hourras pour une gueuse” et il reste toujours amoureux de la liberté jusqu’à la dernière minute de sa vie. Ecoutons parler Mohamed Dib :”Ce que je veux dire ? Ce qu’il me faut ?…. Je n’en sais rien moi-même… Je rêve d’une autre vie, de quelque chose qui plane au dessus de la vie de tous les jours… D’un monde libre, vivant… Regarde ces nuages qui volent si haut dans le ciel : ces nuages sont mes pensées et mes pensées sont des nuages…” Peut-on oublier un tel génie ?

Ali Remzi

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