“Il n’y aura pas d’amnistie générale”

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Abdelaziz Bouteflika pense toujours que les évènements du 05 octobre 1988 ne sont pas le  » fait d’une révolution démocratique  » et que la solution à la crise algérienne  » ne se trouve pas à Saint E’gidio », mais plutôt en Algérie. Ces déclarations ont été faites, jeudi passé, au stade olympique de Sétif où le chef de l’Etat a animé son premier meeting dans le cadre de sa campagne en faveur du oui pour le référendum du 29 septembre prochain.Mettant de côté ses discours écrits, Abdelaziz Bouteflika a fait appel à son capital linguistique et politique pour convaincre les présents de la justesse de son entreprise.  » Il n’y a pas d’amnistie générale « . Voilà le maître mot du président de la République. Il dira d’ailleurs que ceux qui parlent de l’amnistie générale “n’ont rien compris à son message « . Il citera d’ailleurs un par un ceux qu’on disait concernés par cette mesure.“ Certains parlent d’amnistie fiscale, d’autres des harkis et des Pieds-noirs. Que les choses soient claires : Il n’y aura pas d’amnistie générale.”, s’est-il exclamé avant de s’interroger :  » Ai-je le courage d’amnistier les harkis ? « , et la réponse vient tout juste après par un non. Il en est de même pour les autres catégories que la rumeur publique donnait comme concernées par l’amnistie.  » “Moi, je parle uniquement de la paix et les gens me parlent d’autre chose”, a-t-il fini par trancher.Mais avant d’aborder ce volet, le chef de l’Etat a fait un survol historique de ce qu’il considère comme l’origine de la crise. C’est dans ce sens qu’il relance encore une fois la polémique sur la substance des évènements d’octobre 1988. “On dit que le peuple est sorti en 1988 pour réclamer la démocratie. C’est faux. Le peuple n’est pas sorti pour une révolution démocratique. On l’a plutôt fait sortir dans la rue « , a fait remarquer le Président, qui estime que ce sont ces évènements qui  » ont ouvert les portes de l’enfer « . La corruption et la manipulation de la religion à des fins politiques sont, aussi, la résultante de ces évènements, selon toujours le président Bouteflika, qui semble vouloir répondre à Mouloud Hamrouche qui a déclaré il y a quelques jours que les évènements d’octobre « sont une révolution démocratique « .

« Nous étions en guerre civile « Peu importe la date, Bouteflika jette un autre pavé dans la mare en déclarant que « le pays était en guerre civile” pendant la décennie noire. Entre qui et qui ? La réponse du Président n’est pas tout à fait claire mais il a distingué deux catégories. La première est composée de ceux « qui veulent instaurer un Etat théocratique qu’ils appellent Etat islamique ». L’allusion est sans doute claire puisque le propos concerne les dirigeants de l’ex-FIS à qui il fait remarquer que  » l’Etat ne se construit pas par le sabre ou le pistolet”. La deuxième catégorie est composée, quant à elle, de ceux qui  » s’appellent laïcs” et  » parlent de modernité ». « Ce n’est pas en fumant du cigare qu’on devient moderniste. C’est avec le travail. La modernité c’est la science et la technologie”, a-t-il avancé avant de s’adresser aux laïcs : « Celui qui connaît deux lettres en français vient se présenter comme moderniste. Ce n’est pas cela la modernité ». En somme, pour Abdelaziz Bouteflika, la situation se résumait à une dialectique : « Les islamistes promettaient aux Algériens le paradis et les laïcs la modernité ». Entre les deux, l’orateur veut le milieu. C’est-à-dire épouser la véritable modernité tout en restant attaché à l’islam authentique.

 » Vous êtes libres de dire non »Avant d’arriver à la charte pour la paix et la réconciliation nationale qu’il présente comme  » “plus clémente que la loi sur la concorde civile” Abdelaziz Bouteflika s’est arrêté sur les différentes étapes antérieures. Il citera la loi de 1995 qui offrait la rahma (clémence) pour les terroristes et celle de la concorde civile de 1999. Cette dernière a permis « la récupération de 6 00 armes parmi les 12 000 qui existaient au maquis à l’époque », selon Bouteflika. “Personne n’est responsable des actes de son père ou de son époux », a-t-il encore déclaré au sujet des familles des terroristes avant de se poser la question : « Quelle responsabilité peut avoir la femme ou l’enfant d’un terroriste ? ».Revenant sur le dossier des disparus, Bouteflika dit que certains d’entre eux « sont dans le maquis, d’autres sont morts et d’autres ont quitté le territoire national ». Seule une petite catégorie « est le fait de certains dépassements qui doivent être condamnés ». Mais, dit-il encore, l’Etat doit prendre en charge cette catégorie parce que « nous n’avons pas le choix ». De toute façon, le Président se dit conscient que “la solution à la crise est sensible à tel point qu’elle dépasse même le Parlement ». Même lui, il dit ne pas disposer de “courage pour pardonner malgré les 85 % des suffrages ». Il “tend » par contre “sa main” au nom du peuple « à ceux qui n’ont pas commis de massacres et de viols » pour retrouver la société. Pour cela, Bouteflika souhaite que son projet « obtienne une large majorité des voix”  » même s’il dit que « ceux qui veulent voter contre sont libres de le faire ». Parce que, lui, il ne veut que « la caution du peuple ». Le reste n’est que littérature.

A. B.

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