Notes de Voyage A bord du vol Alger – Mulhouse d’Aigle Azur : Destination l’Alsace…

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C’était avant-hier, samedi, au départ d’Alger. Le vol de la compagnie Aigle Azur, la seule qui dessert l’aéroport de Mulhouse à partir d’Alger était fixé à 11h15. Peu avant, au niveau de l’escale une liste d’attente était ouverte mais le discours du chef ne laissait pas entrevoir grand espoir aux inscrits. « Enfin, sait-on jamais… On verra après… » Il faut dire qu’à cette période quasiment tous les vols sont pleins. Normal, d’ailleurs, c’est le grand retour des émigrés… Quelque part, on s’est retrouvés alors à les accompagner, sans le prévoir, dans leur chemin inverse. Notes d’un vol.

De notre envoyé spécial en France Djaffar Chilab

Les formalités d’usage sont effectuées dans les temps. Un petit coup de chapeau, au passage, au collectif de la compagnie au sol. Une fois dans l’avion, l’appareil, un A 321 flambant neuf, donnait l’air d’un œuf bien rempli. Il y’avait de tous les âges, des enfants surtout. Allez savoir pourquoi mais à ce moment là c’était « Le Clandestin », le film, qui nous repassait à l’esprit. Et pourtant,  » le cadre  » pour ne pas dire autre chose, de « Yema Hebite N’teqia » n’avait rien à voir avec « les toiles » des hôtesses, dessinées des « mains » de Dieu, qui se déambulaient dans le couloir. Il n’y avait pas les fameux gendarmes qui stoppaient la Peugeot familiale non plus. Mais… Bref ! Les petits faisaient du bruit, ça pleurnichait ici et là.

Les mamans dégainaient alors les biberons… Les retardataires en profitaient pour s’installer. Mais il y’en a un qui finira par ne pas arriver. L’avion n’a dû d’ailleurs décoller qu’après une heure de retard, le temps de chercher les deux bagages de ce passager  » perdu.  » Forcément, il fallait lui débarquer ses trucs… Sait-on jamais ce qu’il avait fourré dans ses machins… 12h12mn, après les allocutions de bienvenue à bord, même en kabyle à dine Zahh, l’appareil décollait enfin. Sans heurts. N’empêche qu’à côté derrière, comme devant des indexes se sont érigés… C’est connu, c’est des moments où on a tendance à plus de croyance. Et pourtant tout était plus suspendu au pilote qu’à un quelconque Jésus. Mais c’est comme ça. C’est l’humain, de nature faible. D’ailleurs, une fois l’avion stabilisé au ciel, tout redevient normal : On a moins de trouille. Là on crie sur le turbulent bébé de ce côté on réclame la presse, de l’autre, on se rend à nouveau compte de la fine silhouette des hôtesses, alors on retrouve le temps d’apprécier.

D’autres pensent même à aller faire pipi, à l’aise quoi ! Et le meilleur était à venir : le déjeuner. Franchement, franchement (Avis aux correcteurs : Le mot est sciemment répété),  » bouffer  » Ramadan dans un avion en plein vol, c’est tout de même quelque chose qui donne à réfléchir… Oui c’est vrai qu’on dit que même en Islam, c’est permis de ne pas jeûner lorsqu’on voyage. Mais pas dans ces conditions là ! A la limite si on voyageait à pied, à dos-d’âne, en voiture, allez, même par train… Mais comme ça, suspendu entre ciel et terre, tout  » près  » de Dieu ? « C’est risqué quand même », aurait certainement convenu même Djamel Bouakaz avec son air innocent lorsqu’il se prend au sérieux, comme dans son rôle de tranquille beau-fils de Hadj Lakhdar. Et pourtant, ça a mâché. Grave même ! Ca faisait quand même bizarre de voir cette compagne drapée d’un hidjab noir manipuler habillement sa fourchette blanche jetable pour ne rien faire tomber… Un cliché qui aurait fait un buze sur Youtube, sans doute… Tout le monde n’était pas pour autant « mécréant » à bord. Comme dirait Gad, « Je jure que je n’ai pas vu le commandant de bord manger ! » Les hôtesses non plus d’ailleurs. Elles n’ont fait que servir et débarrasser avant de rappliquer pour vendre…des Marlboro, des Winston, en gros. Puis, cette voix que tous attendaient. Celle qui annonçait l’amorce de la descente sur l’aéroport de Mulhouse. Puis suivra un atterrissage en douceur sur une piste visiblement humide. Il ne pleuvait pas encore sur la ville, mais la grisaille qui enveloppait la région suffisait pour donner cette impression que tout était mouillé autour, bien avant qu’un orage ne finisse par éclater. Au débarquement, à l’intérieur de l’aéroport de Bâle, il n’y avait pas grand monde. Rien de spécial non plus à signaler, mis à part la routine : les voyageurs faisaient la queue pour passer la police des frontières. Ou plutôt si : à cet aéroport quelque peu particulier de part sa situation géographique, tout le monde ne sort pas par la même porte. Si vous prenez celle de droite, vous aboutissez directement sur le territoire Suisse. Si vous prenez celle de gauche, vous mettez les pieds en plein sur le sol français. C ’est quand même magique non ? C’est l’Alsace! La ville des roses. La vraie !

D. C.

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