connaît chaque soir, en ce début de Ramadhan, une agitation peu commune. Les piétons et les voitures se disputent tous les espaces et voies de passage.
Ainsi, dès la rupture du jeûne, les cafés et les terrasses sont envahis en vitesse tel que le dernier ne trouvera pas de place !
» Le café est le seul endroit ou l’on peut passer un agréable moment ! Avoue un jeune chômeur, universitaire de son état « . Ainsi, à l’instar de ce haut diplômé c’est presque toute la population masculine qui se rabat sur les joutes sur fond de r’chem et autres cris de double six est mort ! jusque tard dans la nuit.
Les vendeurs de glaces trouvent également une parade en cette saison caniculaire où la consommation atteint des chiffres alléchants.
« Ce qu’on perd le jour, on le récupère la nuit ! » Ironise un vendeur. Cependant, une majorité de gens ne trouvent pas où passer des soirées plus intéressantes. « On joue au domino, faute de meilleure occupation », déplore un habitué des lieux.
« Comme vous voyez, ici à Azrou, il n’y a ni film de cinéma, ni pièces théâtrales, ni galas, rien : c’est le désert culturel en peine montagne ! » Ajoute son compère de tablée.
La causette sur les terrasses de café et les klaxons instillent une ambiance vivante, aux antipodes de la torpeur du jour.
Et pendant ce temps qui passe, « On ne glane que du temps perdu finalement ! » Susurre un homme âgé. « Comment se peut-il qu’en 2010, les gens ne trouvent que les cafés comme refuges ? Comment ? » Se demande un jeune lycéen avec amertume, manifestement nullement porté sur le jeu de dominos. La « chose culturelle » à Azrou est comme frappée d’interdit ; un no man’s land ! Pourtant, » Il y a une salle de fête, des salles de sport, un grand stade, on a des artistes et des gens de culture qui peuvent nous divertir autrement et parfois c’est nettement plus bénéfique !
Il suffit de jeter un regard autour de soi, d’un peu de volonté et de considération pour toute cette population assoiffée pour tracer des programmes à longueur d’année. On ne sait même pas s’il y a un service culturel à l’APC et que font les associations de villages ? » Peste un garçon en vadrouille, au milieu d’un brouhaha indescriptible. Cet abandon criard ne laisse pas les gens indifférents. » Le vide encourage les pickpockets ! « , assure le coiffeur du centre. En sus de cela, il est inutile de chercher à sonder l’opinion des filles et des femmes ; elles sont presque introuvables. Le jour, elles préparent le f’tour, la nuit elle regardent la télévision ! A chacun son passe-temps, à chacun son malheur. Et le lendemain, c’est rebelote !
T.D.
