Histoire Touareg, peuple d’Afrique : Une civilisation millénaire (Suite et fin)

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Être Touareg, c’est se comporter comme la société le demande, c’est-à-dire en fonction de son âge, de son sexe, de sa catégorie sociale : un artisan possède la liberté de parole, l’aristocrate un comportement désinvolte, le religieux une attitude retenue. Ne pas se conformer à ces règles, c’est risquer la critique, la dérision et peut-être l’exclusion.

Les rapports des Touareg avec le temps et l’espace

Vivre avec ses troupeaux dans un milieu aride, aux repères rares, demande une connaissance intime du milieu et un sens de l’observation très fin qui seuls permettent de se situer dans l’espace, grâce à des indices imperceptibles. Grâce au nomadisme, le Touareg utilise rationnellement son milieu en se déplaçant au fil des saisons. Les Touareg sahéliens conduisent leurs troupeaux dans de riches prairies proches du Sahara, sur des terres et des eaux salées, au cours de la brève saison des pluies ; puis, au cours de la longue saison sèche, ils regagnent les contrées méridionales, aux arbres fourragers et aux ressources hydrauliques permanentes.

Qu’est-ce qu’être Touareg ?

Dans une société si diverse, qui rassemble des hommes au teint clair et d’autres à la peau noire, il n’existe pas de modèle touareg. Aussi, être Touareg, c’est se comporter comme la société le demande, c’est-à-dire en fonction de son âge, de son sexe, de sa catégorie sociale : un artisan possède la liberté de parole, l’aristocrate un comportement désinvolte, le religieux une attitude retenue. Ne pas se conformer à ces règles, c’est risquer la critique, la dérision et peut-être l’exclusion.

Analyse des différences

Les dénominateurs communs des Touareg permettent de les reconnaître, de Djanet en Algérie à Madaoua au sud du Niger. Mais il existe, bien entendu, des différences sur divers plans : différences linguistiques, entre les dialectes du nord et ceux du sud ; différences quant à l’organisation politique entre les chefferies centralisées les plus fréquentes et souvent analysées à partir des Kel Ahaggar et celles plus souples de l’Aïr avec, en plus, une chefferie urbaine sédentaire représentée par le sultan d’Agadez. Différences également dans la composition de la population touarègue, avec une majorité croissante de groupes noirs d’origine servile selon un gradient nord-sud ; différences dans les types d’habitat, avec des tentes en peaux dans la partie ouest du pays touareg et des tentes en nattes végétales dans l’Aïr jusqu’aux frontières du Nigeria. Occupant un si vaste espace, les Touareg ne peuvent vivre de la même manière au Sahara central ou au Sahel, dans les vastes plaines de l’Azawagh ou dans les massifs montagneux, dans les zones pastorales et les régions agricoles méridionales. Les Touareg du nord possèdent un élevage composé essentiellement de chameaux et de chèvres ; ceux des régions pastorales méridionales, Azawagh, Aïr, Adrar des Iforas, ont des troupeaux plus diversifiés avec chameaux, vaches, brebis et chèvres. Les Touareg de l’Aïr cultivent des jardins irrigués dans les vallées du sud du massif et pratiquent le commerce caravanier entre les marchés du sud et les salines de Fachi et de Bilma qu’ils ravitaillent en produits variés et dont ils rapportent le sel et les dattes. Plus au sud encore, les Touareg deviennent des agropasteurs pratiquant agriculture pluviale à base de mil et élevage, ce qui les oblige à surveiller les troupeaux pour protéger les récoltes. La cohabitation avec d’autres éleveurs, Peul surtout, et paysans, pose de graves problèmes.

Les Touareg dans les différents Etats

Les Touareg ont résisté de toutes leurs forces à la pénétration des troupes françaises au début du siècle. À partir de 1916 et 1917, ils se révoltent contre l’occupation française et mettent en péril les troupes coloniales. L’organisation des territoires, les uns dépendant de l’Afrique du Nord, les autres de l’Afrique-Occidentale française (AOF), met un terme aux hostilités. L’indépendance des nouveaux États surprend les Touareg, non préparés à cette évolution, et qui disposent d’une faible élite scolarisée, prête à assumer des responsabilités administratives. La dispersion des Touareg dans de nombreux États, dans la zone la plus désertique, la moins peuplée et la plus éloignée de la capitale et du pouvoir, leur donne l’impression d’être oubliés et laissés pour compte. En 1963-1964, une première révolte a lieu contre l’État malien. Mais la lutte est inégale, car les Touareg montés sur des chameaux et munis d’épées font face à des chars, et la révolte est durement réprimée dans l’Adrar des Iforas. C’est à partir de 1990 qu’une révolte au Mali, puis au Niger, soulève le pays touareg contre les États. Les jeunes Touareg qui ont migré en Libye ont appris à manier des Kalachnikov et à conduire des véhicules tout terrains, et la guerre est dure : arrestations, massacres, émigrations en Algérie, en Mauritanie, entre autres. Aujourd’hui la paix est revenue et les plaies commencent à se cicatriser. C’est au Niger et au Mali que les Touareg sont les plus nombreux, constituant 10 p. 100 et 6 p 100 de la population totale. La langue touarègue fait partie des cinq langues nationales et les Touareg peuvent s’exprimer dans leur langue à la radio et à la télévision. Les Touareg sont conscients de la richesse de leur culture et certains d’entre eux travaillent à recueillir et à faire publier leurs traditions orales.

(1) Histoire Touareg, peuple d’Afrique / Une civilisation millénaire

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