l Il ne se passe pas une semaine sans que le pétrole ne marque l’actualité de la presse de par le rôle essentiel qu’il joue dans l’économie d’un pays, son environnement ou dans le politique.Face à la flambée des cours du brut ayant dépassé mercredi dernier les 67 dollars et malgré le léger repli vendredi soir (65 dollars), les Etats importateurs, telle la France, s’inquiètent davantage et cherchent d’autres alternatives, notamment le développement des énergies renouvelables pour alléger le poids de la facture d’importation. La baisse plus forte que prévu des stocks d’essence aux Etats-Unis relance les craintes sur l’approvisionnement, la tempête Katrina qui risque d’endommager les infrastructures pétrolières du golfe du Mexique sont autant de facteurs qui alimentent la crainte des investisseurs internationaux. Le contrat livraison octobre sur le light crude a clôturé sur le New York Mercantile Exchange en baisse de 1,34 dollar (2%) à 66,15 dollars le baril. Les cours du brut ont terminé vendredi assez loin de leurs plus hauts historiques atteints cette semaine. Il avait atteint le record de 68 dollars dans les transactions d’après-clôture mercredi soir et restait au-dessus des 67 dollars vendredi en milieu de journée. Le futur sur le baril de Brent a terminé en repli de 1,8% à 65,07 dollars le baril sur le marché londonien. En France, le gouvernement cherche à montrer sa préoccupation. Le Premier ministre, épaulé par Thierry Breton, ministre de l’Economie, et François Loos, celui délégué à l’Industrie, réunissait vendredi matin un groupe de travail sur l’énergie. La vingtaine de représentants du secteur de l’énergie et d’experts rassemblés a été appelée à « accélérer et intensifier les investissements pour préparer l’avenir ». Des industriels comme les PDG de Veolia, d’EDF, de Total ou de Suez, mais aussi la responsable de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), et le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), se sont réunis pendant deux heures. Selon les participants, il s’agissait d’une simple prise de contact, mais avec un tour de table inhabituellement large. « Une première ». « Depuis dix ans passés à la tête du SER, c’est une première, souligne son président André Antolini. « Nous avons des contacts réguliers avec les producteurs énergétiques ou les ministères, mais je n’ai jamais connu une telle réunion avec un Premier ministre.” Une opportunité à saisir pour le SER, qui regroupe 150 adhérents – poids lourds tels Total et Shell et associations réunissant des centaines de PME-, de rappeler les retards français dans les énergies renouvelables. Le taux de pénétration de celles-ci dans le marché de la consommation électrique française est en régression inférieure à 13% en 2003, alors qu’elle était encore à 18% en 1990. Or, les objectifs fixés par la législation européenne sont d’atteindre une part de 21% en 2010. « Les entreprises énergétiques ne peuvent se désintéresser des énergies renouvelables, tout simplement parce que c’est leur avenir », assure Antolini. Le quatrième groupe pétrolier mondial met en avant le site de cinq éoliennes, plantées près de la raffinerie de Dunkerque : un investissement de plusieurs millions d’euros. Mais il demeure minime devant les 8 à 9 milliards d’euros annuels qui seront dépensés jusqu’en 2008 pour la filière pétrole (exploration, production, raffinerie, chimie). Pour Total, premier raffineur en France avec la moitié de la capacité, renforcer ce secteur est la préoccupation de l’heure.
Sabrina Bouras