Inaugurant son cycle « Auteurs de Béjaïa » à la Maison de la culture, le café littéraire a invité dans la soirée de mercredi, Saïd Amzal, 63 ans, ancien normalien en retraite, originaire d’Amizour, auteur de deux récits. Anecdotes et sagesses du terroir, publié à compte d’auteur en 2005, et Les dés du destin, publié en coédition chez El-Amel en 2008. Dans sa brève présentation de l’invité Hasna Ichellitan soulignera que son premier ouvrage emprunte à la vie réelle des faits anecdotiques, rapportés sous formes d’apologues dans un but moralisateur ou philosophique.
Il dénoncera sur un ton satirique l’hypocrisie sociale et l’asservissement de l’individu aux biens matériels. Les dés du destin font l’apologie de la vie communautaire en glorifiant les valeurs traditionnelles qu’il préfère à l’individualisme triomphant de la vie moderne. Les deux récits développent, selon la présentatrice, une vision passéiste du bonheur par l’absence de laquelle les individus sont voués à être en proie des tourments de la vie.
Nasser Benamara donnera lecture de deux anecdotes du premier ouvrage pour imprégner l’assistance de son contenu et de son style d’écriture.
Intervenant à son tour, Saïd Amzal se présentera comme un » porte-parole des sages » de sa région qu’il a voulu tiré de l’oubli en rapportant, à travers des apologues, leur sagesses et leurs enseignements moraux. Ces écrits ne doivent donc à la fiction littéraire. Tous les faits anecdotiques sont transcrits dans un esprit de fidélité à la réalité concrète d’où ils sont méticuleusement puisés.
Réagissant aux critiques des intervenants lui reprochant son attachement anachronique aux valeurs traditionnelles, l’orateur se défend toutefois d’être l’apôtre d’une morale désuète propre au mode de vie ancestral de la société kabyle. » Pourquoi vous érigez les maximes contenues dans vos anecdotes en vérités absolues ? « , assènera Benamara ? « Ce que je défends, ce sont les valeurs morales que j’ai puisé d’un vécu concret. J’aurai voulu que ces valeurs morales, qui ne sont aucunement des vérités absolues, soient fixées comme des conventions sociales que nous devons observer « , a-t-il rétorqué.
Benamara reviendra par la suite sur la forme du même ouvrage, relevant le style d’écriture adopté par l’auteur est plutôt du reportage que de l’écriture littéraire qu’utilise les écrivains. » Peut-on se passer de l’écriture littéraire quand on reproduit des anecdotes ? « , s’interroge-t-il.
L’édition à compte d’auteur dont recourent quasi systématiquement beaucoup d’auteurs est également évoquée. Ce recours, faut-il admettre, fait perdre aux écrivains et poètes en herbe, des avantages très importants dont ils pourraient bénéficier de la part des maisons d’édition en matière de graphisme, de maquette, de structuration du texte littéraire… » La publication d’ouvrages littéraires à compte d’auteurs encourage plutôt la médiocrité « , s’indigne-t-il.
Saïd Amzal confiera qu’il a d’abord recouru à plusieurs maisons d’éditions avant d’opter en fin de parcours pour l’édition à compte d’auteur. « Les maisons d’éditions refusent de jouer leur rôle. Ce qui les intéresse finalement, c’est l’argent tout court. Elles m’ont toutes demander de l’argent comme condition pour publier mon premier livre », a-t-il confessé avec une pointe de déception.
Enfin, l’invité a manifesté une franche reconnaissance au café littéraire de Béjaïa qui s’est attelé à offrir une tribune aux auteurs de la région pour que ceux-ci puissent sortir de l’anonymat qui les étouffe depuis des lustres du fait qu’aucune institution publique n’ait daigné leur accorder mérite et considération pour l’effort accompli dans le développement de la littérature régionale.
K. D.