Par les journées mornes d’été, le seul lieu de divertissement qui soit plus ou moins accessible pour les enfants de la région de Haizer et des cantons limitrophes est la piscine semi-olympique implantée au centre du chef-lieu communal, à 10 km au nord-est de Bouira. Cette infrastructure constitue un lieu d’attractions pour les adolescents et même les enfants qui viennent même des communes éloignées comme Ain Bessem, Aomar et Ain Lahdjar. C’est pourquoi, les jours de week-end, une grande affluence est enregistrée au guichet de la réception. En effet, le ticket d’accès est payé à 50 DA en sus du prix de la location du maillot de bain (10 DA). La consigne des effets vestimentaires et autres objets est, elle aussi, facturée à 10 DA. Nous avons rencontré des enfants venus de Taghzout, une commune limitrophe de Haizer, qui ont fait le chemin à pied depuis leur bourgade, à environ six kilomètres d’ici. Djamel nous apprend que la petite obole qu’il a arrachée ce matin à son père est bien maigre, il ne peut pas la dépenser dans le transport “Avec 70 DA, j’ai à peine de quoi payer le billet pour faire trempette, et cela pour une heure seulement. Vous savez, ça passe comme l’éclair”. En effet, lorsque le gardien de la piscine annonce la fin de la partie, on lit de l’étonnement et la déception sur les visages des nageurs qui, en barbotant frénétiquement dans les eaux, ont oublié la notion de temps.Hakim, âgé d’à peine six ans regrette que les eaux soient aussi profondes. A 1,40 m de profondeur, il n’est pas évident que les petits mômes apprennent tout de suite à nager. C’est son frère qui le maintient allongé sur la surface de l’eau en essayant de lui apprendre les premiers gestes pour progresser. Dans le vide effarant en matière de culture et de divertissement, la piscine de Haizer constitue une perle rare, une exception qui confirme la règle.
Amar Naït Messaoud