Béjaïa Face aux insuffisances du programme quinquennal / Le wali met à contribution les parlementaires

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Le wali de Béjaïa a reçu hier, les parlementaires de la wilaya pour un ordre du jour axé essentiellement sur la consistance du programme quinquennal 2010-2014. “Le wali nous a communiqué une situation des programmes en cours ainsi que la consistance des projets des cinq prochaines années et demandé de plaider pour une meilleure prise en charge de la problématique du développement de notre wilaya», révèle un député joint par téléphone à l’heure même de la tenue de cette rencontre. Effectivement, plusieurs projets ont été retenus, ceci comparativement aux années précédentes, mais beaucoup ont été rejetés sans oublier ce fameux programme spécial promis par le président de la République lequel n’a pas encore vu le jour et ne le verra probablement pas.

Même s’il apparaît de prime abord faramineux, le budget alloué paraît d’ores et déjà en deçà des propositions des élus locaux et prêche par trop d’incohérences : alors que des projets déjà réceptionnés à l’image de la trémie de Guendouza (Akbou) et du pont de la Soummam (Béjaïa) sont inscrits à l’index de ce plan, l’examen minutieux des différentes rubriques révélerait même des erreurs de consolidation.

C’est du moins ce qui a été avancé par le président de l’APW, Hamid Ferhat, lors d’une conférence organisée jeudi dernier à la Maison de la culture de Béjaïa durant laquelle il soulignera que la wilaya de est toujours marginalisée par les pouvoirs publics en avançant le fait que sur plus de 3 000 projets proposés dans le cadre du programme quinquennal 2010/2014 pour un montant global de 266 milliards DA, plus de 300 ont été rejetés dont une cinquantaine de projets structurants et stratégiques. Au total, 63 projets avaient été recensés par la commission mixte administration-élus installée au lendemain de l’arrivée de l’actuel wali pour faire justement un diagnostic et proposer des solutions pour le développement de la wilaya. Il y a lieu de relever que ce programme, dont les principaux projets touchent tous les secteurs, est ambitieux dans la mesure où ses rédacteurs prévoient même des études sur la faisabilité d’un réseau de tramway et trois lignes téléphériques, en plus, entre autres, de la réalisation de 16 décharges contrôlées pour sortir Béjaïa de sa position de wilaya poubelle et de toucher aussi, dans le secteur de l’énergie, 52 000 nouveaux foyers en raccordement en gaz de ville pour atteindre un taux de 60 % contre moins d’un tiers actuellement. Suite au retard constaté dans la wilaya, les projets ont été proposés par ordre de priorité et le programme de développement a été réparti en deux grands volets, à savoir un programme spécial de mise à niveau de la wilaya et dont les opérations dites d’urgences représentent un montant global de 122 milliards de DA et le programme quinquennal en lui-même pour un montant de 345 milliards de DA dont deux projets représentent plus de la moitié à eux seuls. Il s’agit de la réalisation du CHU et de la pénétrante lesquels sont estimés à 201 milliards de DA.

Or, le Premier ministère a transmis un programme évalué à environs 407 milliards de DA dont près de 53 milliards de DA destinés à l’achèvement des programmes en cours. C’est ainsi que la déduction du président de l’APW est simple à savoir que les pouvoirs publics n’ont accordé que 345 milliards de DA sur les 467 milliards DA demandés. Alors que le secteur de l’hydraulique croule sous les réclamations de la population notamment pour la rareté de l’eau et l’absence de réseaux d’assainissement, les pouvoirs publics n’ont pas trouvé mieux que de ne pas retenir les différents projets proposés pour la rénovation, la réhabilitation et l’extension des réseaux de distribution et des chaînes de refoulement, des stations d’épuration et surtout l’étude et la réalisation d’une station de dessalement des eaux de mer de la côte Ouest. Il en a été de même d’ailleurs pour les projets d’étude sur la réalisation des décharges contrôlées programmées à travers différents sites de la wilaya pour mettre un terme à la prolifération des décharges sauvages.

De par sa situation géographique, Béjaïa est considéré par certains comme un futur pôle touristique et de pêche, or les propositions de développement des secteurs de la pêche et du tourisme réalisation ont été occultées. C’est ainsi que les demandes de réalisation de plages d’échouage, de centres de pêche continentale et de loisirs, d’étude de réalisation d’une station de recherche pour la pêche, d’aménagement de plages, de stations thermales, de zones rurales touristiques et autres ont été purement et simplement jetées dans le tiroir. Même le port et l’aéroport dont le trafic est très important n’ont pas vu les enveloppes nécessaires à leur extension et développement dégagées par l’Etat comme souhaité par les membres de la commission mixte. Les programmes de développement des secteurs des infrastructures routières, des infrastructures administratives, de l’éducation, de la santé de la jeunesse et de la culture ont tous été amputés de plusieurs projets très importants y compris d’ailleurs les plans communaux de développement (PCD) dont l’infime part accordée confirme la marginalisation de l’élu comme souligné par Hamid Ferhat, P/APW, en dévoilant le montant alloué correspondant à environs 85 000 dinars par commune et par année.

Effectivement les 22 millions de DA accordés pour tout un quinquennat répartis sur les 52 communes de la wilaya, donneront cette modique somme de moins de neuf millions de centimes par commune et par année. Si le programme quinquennal proposé par les représentants de la wilaya est amputé d’une aussi importante tranche, qu’en sera-t-il du programme spécial promis par le président de la République lors de sa visite dans la wilaya de Béjaïa ? Les décideurs y feront l’impasse comme l’a appréhendé le président de l’APW ?

A. Gana

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