La ville de Tizi Ouzou fourmillait hier. Les différentes artères étaient noires de monde. En effet, il fallait se jouer des coudes pour se frayer un chemin au milieu de cette foule compacte. Une foule qui divergeait pratiquement dans de mêmes endroits : les magasins des vêtements, des jouets et au marché des fruits et légumes.
Hier, la ville des Genêts a renoué avec l’ambiance des grands jours. La raison, c’est l’Aïd ! Cela fait partie des traditions de Tizi Ouzou en cette fête. Une tradition qui n’est nullement propre au chef-lieu de la wilaya. L’ensemble des localités affiche un même décor, en pareille occasion. Tout le monde veut faire des emplettes pour passer l’Aïd dans de meilleures conditions possibles. Il est connu, en fait que durant les fêtes de l’Aïd les commerces ferment les portes durant deux jours. C’est par peur de se retrouver “en rupture de stock” durant les fêtes, qu’on tente en effet, de remplir sa réserve. On s’affole, ainsi à chaque arrivée de l’Aïd. Hier, il était également le cas dans les différentes ruelles de la ville de Tizi Ouzou. Des ruelles envahies, par ailleurs, par des commerçants dans de différentes activités. Les plus en vue parmi ces derniers, c’est bien entendu les vendeurs de jouets.
Ceux-ci occupent, en effet, le long des principales rues. Il va sans dire que ces commerçants “occasionnels” ainsi que les permanents d’ailleurs trouvent bien leurs comptes en pareilles situations. Les différentes boutiques étaient, en effet, achalandées hier. Tous s’achetaient et ce au grand bonheur de ces commerçants. “On a pas le choix, on doit assurer l’évènement comme les autres et ne pas être du reste», dira un quinquagénaire rencontré au niveau du marché des fruits et légumes de la ville des Genêts. Force est de constater que les clients venus des quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou payaient presque sans compter hier. “On ne peut pas être en reste de l’évènement à cause des prix. On doit acheter sans trop se focaliser. On n’a pas trop le choix, il faut penser à ceux qui attentent notre retour à la maison», explique un autre citoyen. A vrai dire, c’est que le Tizi Ouzien s’est enrichi du jour au lendemain, mais plusieurs cas ont opté pour le plan “B” qui consiste à s’endetter en attendant des jours meilleurs. L’essentiel pour eux, c’est de satisfaire leur famille. Sinon le portefeuille a déjà reçu un sale coup durant le mois de carême. “Que voulez-vous qu’on fasse, on doit fêter l’événement», c’est la formule qui revient, dans les toutes bouches à Tizi Ouzou.
Friperie, l’alternative
En effet, un petit calcul nous permettra de déduire qu’un simple ouvrier et même un fonctionnaire ne pourront jamais joindre les deux bouts avec le ramadan, l’Aïd et la rentrée scolaire qui pointe déjà du nez. “Un pantalon, un T-shirt ou une chemise plus des souliers pour un enfant peut vous coûter jusqu’à 5000 dinars», ironise un citoyen qui a avait pourtant deux sachets pleins à la main. C’est dire que le portefeuille a été également soumis à une assez rude épreuve hier. 5000 dinars, c’est une véritable fortune en ces temps de vache maigre qui caractérise le pouvoir d’achat. Les plus avertis parmi les ménages optent pour la friperie où elle trouvent leurs comptes et s’en sortent avec nettement moins de dépenses. “Sincèrement, je ne peux pas me permettre de faire mes achats ailleurs. Les articles de la friperie me permettent de satisfaire tout le monde à la maison», nous lança une femme qui dit être une mère de famille de 8 personnes dont 6 enfants. Comme cette dernière, il doit y avoir des centaines qui “s’habillent” en friperie à Tizi Ouzou. Cela se voyait à travers le nombre important de gens qui s’est convergeait dans les différentes boutiques spécialisées au niveau du chef-lieu de la wilaya. “Comme ça, on peut économiser quelques dinars pour l’achat ne serait-ce que d’un jouet pour l’enfant», pense un sexagénaire. Les jouets malgré le nombre important exposé sur la chaussée-même de ruelle de la ville, sont affichés à des prix exorbitants, du moins pour un simple salarié qui doit pourtant se débrouiller pour offrir à sa progéniture ce qu’elle demande en pareille occasion. Par ailleurs, il a signaler que des localités entières gardent encore intact de célébrer la fête de l’Aïd à travers la tenue de “timechert”. Plusieurs actions du genre qui consistent à sacrifier des bœufs sont annoncées ici et là à travers tout le territoire de la wilaya pour le jour de l’Aïd. Il s’agit là d’une tradition que la région a hérité de génération en génération.
M. O. B.