La commune de Maâtkas, dans le sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, vient de bénéficier d’un nouveau minibus du ministère de la Solidarité Nationale. Une nouvelle plutôt bien accueillie par les autorités locales et la population. Seulement, la satisfaction n’est pas totale, car ce bus qui renforcera le parc roulant de l’APC et qui assurera le transport des élèves du secondaire, sera peut être à l’origine d’un mécontentement au sein de la population, puisque la demande ne sera pas satisfaite dans sa totalité. Pour rappel, Maâtkas compte 45 villages et hameaux. Le ramassage scolaire n’est assuré qu’aux filles et pas toutes les filles, car celles des collèges et des écoles primaires n’en sont pas concernées. Même parmi celles habitant loin de leurs établissements. Quant aux garçons, il parait clairement qu’ils ne sont pas inclus dans l’opération. Du coup, les transporteurs privés sont sollicités pour déplumer les parents des élèves. Les plus modestes laissent leurs enfants, malgré eux, faire des kilomètres à pied. Inutile de préciser que ces adolescents souffrent le martyr, surtout en hiver. Pour en connaitre davantage, nous avons apostrophé le premier magistrat de la commune qui ne manquera pas de reconnaître : «En effet, les garçons sont livrés au privé. Notre commune compte 17 écoles primaires, 4 collèges et 2 lycées. Nous ne disposons que de cinq bus. Il est vite établi que nous sommes dans l’incapacité d’assurer le transport à tous les élèves éparpillés à travers 45 villages. C’est pourquoi nous lançons un appel de détresse aux responsables concernés pour nous doter de plus de moyens». En attendant, les lycéens et les collégiens devront solliciter les maigres bourses de leurs parents ou alors chausser leurs bottes pour suivre leur scolarité. Omar, un jeune lycéen de Berkouka ne manquera pas de tirer à boulets rouges sur les pouvoirs publics : «Il y a injustice dans la gestion du ramassage scolaire. Pourquoi ce sont toujours les filles qui en bénéficient ? On nous dit qu’il n’y a pas assez de bus, mais on peut toujours nous aider financièrement à payer les transporteurs privés. Une petite allocation ne ruinera pas les caisses de l’état. De toutes les manières, il n’y a que nous qui ressentons la douleur en arrivant le soir, à la maison. Alors, faire ses devoirs ou se reposer pour être d’attaque le jour suivant, devient un véritable casse-tête». Bien entendu, c’est toujours le rendement scolaire qui diminue chez ces apprenants qui seront un jour invités à prendre le relais et l’avenir du pays. C’est pourquoi il serait intelligent d’en prendre soin.
Hocine Taïb
