La mobilisation citoyenne a payé / Relaxe pour les non-jeûneurs de Aïn El Hammam

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C’est dire qu’au moment où il était appelé à la barre, Hocini Hocine, était serein, écoutant « religieusement » le prononcé du verdict. Son visage s’illumina d’un sourire qui en dit long, en entendant le juge dire brièvement et sans commentaire, le verdict : “non lieu, sans frais de justice.” Un message bref qui “honore la justice” reconnaissent, même ceux qui s’attendaient à une condamnation.

Comme attendu par les observateurs, le tribunal de Aïn El Hammam a prononcé la relaxe, en faveur des accusés, dans l’affaire des non-jeûneurs dont le procès s’est déroulé le 21 septembre dernier. S’appuyant sur l’article 144 bis 2 du code pénal, le procureur avait ce jour-là requis trois ans de prison, à l’encontre de Hocini Hocine, 44 ans et de Fellak Salem, 34 ans, accusés de « non respect des préceptes de l’islam », suite à leur interpellation par la police alors qu’ils déjeunaient, dans un chantier où ils exercent, en tant que journaliers. Dans leur plaidoirie, les cinq avocats de la défense, avaient démontré que l’article de loi en question (le 144 bis) ne fait pas allusion au « déjeuner durant le mois de carême » et par conséquent, ne pouvait s’appliquer dans le cas de leurs clients. Ce qui laissait penser, dès la fin des débats que la cause était entendue. La relaxe n’était donc pas une surprise puisqu’elle était attendue par les avocats et même leurs clients que nous avons pu joindre, il y a quelques jours.

C’est dire qu’au moment où il était appelé à la barre, Hocini Hocine, était serein, écoutant « religieusement » le prononcé du verdict. Son visage s’illumina d’un sourire qui en dit long, en entendant le juge dire brièvement et sans commentaire, le verdict : « non lieu, sans frais de justice. » Un message bref qui « honore la justice » reconnaissent, même ceux qui s’attendaient à une condamnation. Dehors, l’ambiance ressemble à celle qui a prévalu, lors du procès, avec tout de même, un rassemblement plus important. Ne pouvant accéder à l’intérieur du tribunal, plein comme un œuf, la foule, composée de plusieurs centaines de personnes, retenait son souffle, attentive à la moindre information qui en sortait. L’appel au calme, diffusé il y a deux jours, semble avoir été entendu. Plusieurs députés et représentants de partis politiques et d’associations, étaient présents aux côtés de citoyens anonymes, venus manifester leur solidarité aux accusés. Larbi Tayeb, responsable du MAK qui se tenait devant une banderole de son parti, nous dira que « notre présence est une nécessité car le MAK défend la laïcité ainsi que les libertés individuelles. » A l’écart, un groupe d’une centaine de personnes, représentant la communauté chrétienne de la région, ne cessait d’entonner des chants religieux, en attendant la décision du juge qui fut reçue, vers onze heures, par un tonnerre d’applaudissements, ponctués par des cris de victoire. En haut des marches du tribunal, Hocine, visiblement heureux, tentait de se faire entendre des citoyens qui l’interpellaient, pour avoir confirmation de la décision. Dans une sorte de communion, les présents étaient unanimes dans leurs commentaires : « La justice a été rendue ». Cependant, il faut noter que l’affaire risque de perdurer car comme nous l’a expliqué un avocat : le procureur pourrait faire appel, c’est son droit.

A.O.T.

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