La pénurie de lait pasteurisé a refait surface dans plusieurs wilayas du pays, y compris la capitale. Considéré comme l’un des trois principaux produits nutritionnels stratégiques, le lait continue de préoccuper du fait de sa production actuelle qui est jugée, selon les consommateurs, trop insuffisante dans plusieurs communes de la capitale. Il s’agit entre autres, de Dar El Beïda, Reghaïa, Bab Ezzouar … pour ne citer que celles-ci.
Néanmoins, il reste que la cause principale de cette pénurie, selon le porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), M. Boulenouar El Hadj Tahar, que nous avons pu joindre hier par téléphone, serait due au manque de matière première, à savoir la poudre de lait distribuée en quantité insuffisante aux producteurs, et aux transformateurs de cette matière indispensable. “La pénurie oscille entre 15 et 20% de la demande nationale, sachant que la production locale couvre à peine le tiers des besoins nationaux qui sont estimés à 3,5 milliards de litres», explique-t-il. Et d’ajouter : “Il convient de savoir également que la maigre marge bénéficiaire des transformateurs, les a incités à choisir la production des dérives du lait comme les yaourts et les fromages qui sont très lucratifs par rapport au lait pasteurisé.” Dans le même ordre d’idée, le porte-parole de l’UGCAA a indiqué également que la baisse des quotas est due essentiellement à des blocages multiples, et la lenteur au niveau des ports du pays. Par conséquent, des perturbations ont été constatées au niveau des laiteries suite à une baisse considérable des quotas de poudre de lait fournis par l’organisme de régulation, Onil, aux transformateurs. Pour faire face à cette situation inquiétante, le ministère de l’Agriculture est appelé à la mobilisation de la production locale pour en finir définitivement avec le recours systématique aux importations. Une démarche qui lui permettra de répondre à l’objectif visant à passer d’une importation massive de la poudre de lait vers le développement de la collecte de lait cru. Par ailleurs, il semble qu’il y a une anguille sous roche au niveau du département du M. Rachid Benaïssa, sinon comment expliquer, d’un côté une croissance de près de15%, soit plus de 2,6 milliards de litres de lait cru attendus à la fin de l’année en cours, et d’autre part, une pénurie du lait pasteurisé en sachet qui perdure depuis des mois. Certes, l’Etat a accordé à cette filière stratégique une subvention d’une valeur de 12 milliards de DA. Elle se répartit comme suit : 12 DA/litre à l’éleveur, 5 DA/litre au collecteur, 4 DA/litre à l’intégration du lait cru dans la production du lait en sachet subventionné à 25 DA/litre. La facture globale des laits et produits laitiers s’est établie à 862,76 millions de dollars en 2009, contre 1,28 milliard de dollars l’année d’avant, soit une baisse de 32,9%. En somme, il est indubitablement que seule l’encouragement de la production locale en lait cru, pourrait nous permettre de palier aux différentes crises, ainsi que de se libérer de la dépendance des importations, sachant que l’Algérie, est le premier importateur de la poudre de lait au monde arabe. Devant cette situation, la stratégie de la production du lait cru est à revoir, sachant que la seule victime de cette pénurie, le citoyen qui doit se payer le lait en poudre à pas mois de 250 dinars le paquet avec une qualité qui laisse à désirer.
Y. Maouchi