Situation du secteur à Bgayet : 15 000 tonnes de poissons échappent aux filets

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A 200 DA/le kilogramme, la sardine, jadis qualifiée de “plat des pauvres», semble désormais parfaitement usurper cette qualité. Nous sommes pourtant à Bgayet, une wilaya qui s’étale sur 120 km de côtes. Ici quelque 3500 tonnes de poissons sont annuellement extraites de la mer, un chiffre très peu crédible puisque c’est le même qui est servi par la direction de la pêche depuis plusieurs années. Mais il paraît néanmoins en corrélation avec des prix qui augmentent d’année en années, signe d’une offre en stagnation.

Cette production signifie que seulement trois malheureux kilogrammes de poisson sont proposés au consommateur dans cette wilaya d’un million d’âmes. Une production qui représente moins de 5% de la production nationale. Et en considérant la fraction de pourtour marin occupée par la wilaya (le dixième de la façade maritime nationale), on comprend qu’il y a là au moins 50% de manque à gagner en production pour les pêcheurs de de cette wilaya.

Les comparaisons sont bien entendu davantage moins reluisante sur la perspective mondiale. M. Smaïl Mimoune, ex-ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, en visite dans la wilaya le 15 avril 2009, a souligné que l’état de la pêche nationale contraste avec celui de certains pays qui, eux, souffrent de surexploitation et courent derrière des mécanismes censés garantir une exploitation durable, c’est-à-dire une activité qui ne prive pas les prochaines générations du goût iodé des plats de poisson. “Les scientifiques s’accordent à dire que 50 % des stock halieutiques au niveau mondial sont surexploités, 30% sont aux limites de l’exploitation et seulement 20 % sont en deçà de leur potentiel et l’Algérie fait partie de ces 20%», avait déclaré l’ex-ministre.

Des études situent la production nationale à près du tiers seulement du stocks disponible. On estime que quelque 15000 tonnes de poissons, soit le quintuple de la production officiellement déclarée, échappent chaque année aux filets des pêcheurs de Bgayet où existeraient des points de cale avec des moyennes de rendement qui avoisinent les 190 kg à l’heure. Le poisson est donc là et n’attend que de mordre à l’appât. La pêche apparaît dès lors comme un créneau sous investi et qui présente, pour les années avenir, d’appréciables marges d’exploitation. Si le port de pêche de Bgayet a bien été agrandi, les travaux de superstructure n’ont par contre, pas suivi. Annoncé pour cette année, la livraison du nouveau port de pêche de Tala-Ilef est renvoyée aux calendes grecques. Et les anticipations optimistes émises dans cette perspective tombent aussi à l’eau. Il y a une année, le directeur de la pêche et des ressources halieutiques tablait sur un triplement de la production en 2010 pour atteindre les 10 000 tonnes par an. “L’objectif avec la réception du port de Tala Ilef sera d’investir dans les grands bateaux qui iront chercher le poisson dans les zones non exploitées en haute mer. Nous pourrons prétendre à ce moment-là tripler voire quadrupler la production», disait-il triomphalement. Deux investissements privés dans les fermes aquacoles ne sont toujours pas entrés en production. En attendant, la pêche est dans le creux de la vague. L’activité emploie officiellement près de 1000 travailleurs entre marins, patrons et mécaniciens. La flottille de pêche consiste en 221 unités, soit 116 chalutiers, 34 sardiniers, 170 petits métiers et un corailleur.

M. B.

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